Pour M. Poutine, l’amende record de BNP Paribas est un chantage sur la vente des deux BPC Mistral à la Russie

La banque BNP Paribas s’est fait prendre par la patrouille. Pour avoir fait du négoce de pétrole et de gaz avec des pays soumis à des sanctions économiques américaines, notamment le Soudan, Cuba et l’Iran, entre 2002 et 2009 (et l’on parle de quelque 30 milliards de dollars dissimulés), l’établissement financier français va écoper d’une amende de record de près de 9 milliards de dollars afin d’éviter un procès outre-Atlantique.

À l’origine de cette procédure, l’on trouve le régulateur bancaire de New York, Benjamin Lawsky. Et il ne passe pas pour faire des fleurs aux banques… D’ailleurs, son « tableau de chasse » parle de lui même : avant BNP Paribas, il a épinglé,  pour les mêmes raisons, la banque britannique Standard Chartered, RBS (Royal Bank of Scotland), HSBC ou encore le cabinet Deloitte et Le Crédit Suisse (2,6 milliards d’amende, pour inciter à l’évasion fiscale d’Américains fortunés).

Sa méthode est imparable : une fois que Benjamin Lawsky est sûr de son coup, le coupable paie ou bien il se voit retirer sa licence bancaire aux Etats-Unis. Ce qui peut-être gênant. En outre, d’autres établissement sont dans son collimateur, comme le Crédit agricole, la Société générale, Unicredit (Italie), la Deutsche Bank et Commerbank.

Pourquoi parler des déboires de BNP Paribas et, plus généralement, des banques françaises aux Etats-Unis? Parce que le président russe, Vladimir Poutine, y voit un lien avec la commande des deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral commandés à la France par la Russie en 2011 pour 1,2 milliards d’euros. Et ce contrat, depuis la crise russo-ukrainienne et l’annexion de la Crimée, suscite de l’inquiétude à Washington, quand ce n’est pas de l’hostilité en Pologne ou bien chez les pays baltes.

« Nous sommes au courant de la pression que nos partenaires américains exercent sur la France pour qu’elle renonce à la livraison des Mistral en Russie et qu’on lui a fait comprendre que si elle y renonçait « les sanctions sur les banques seraient levées ou réduites », a ainsi affirmé, ce 1er juillet, le président russe. « Comment peut-on qualifier cela autrement que de chantage? », a-t-il demandé dans un discours de politique étrangère.

« Ce qu’on fait en ce moment aux banques françaises, cela ne provoque que de l’indignation en Europe et chez nous aussi », a encore affirmé Vladimir Poutine, qui avait expliqué, début juin, que Moscou exigerait des dédommagements si jamais la livraison des deux BPC (le Vladivostok en octobre prochain et le Sebastopol en 2015) devait être annulée.

Pour le moment, ce n’est pas le cas. Même si la Russie est pointé du doigt pour le soutien qu’elle apporterait aux séparatistes pro-russes actifs dans l’est de l’Ukraine, les ambassadeurs des 28 membres de l’Union européenne ont décidé qu’il était « urgent d’attendre » avant de décider de nouvelles sanction à son égard… Donc, pour le moment, le contrat des deux BPC n’est nullement remis en cause. D’ailleurs, 400 marins russes ont débarqué à Saint-Nazaire pour être formés à la manœuvre de ce type de navire.

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