Les pays de l’Union africaine se mobilisent contre les groupes jihadistes

Le dernier sommet de l’Union africaine, qui s’est tenu ls 25 et 26 juin à Malabo, en Guinée équatoriale, a été marqué par la participation le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, dont le pays avait été suspendu de cette instance après le coup d’Etat qui renversa, l’an passé, Mohamed Morsi, qui, issu de la mouvance des Frères musulmans, fut le seul chef d’Etat africain à avoir dénoncé l’intervention française contre les groupes jihadistes qui occupèrent le nord du Mali en 2012.

Justement, la prolifération de mouvements se réclamant d’al-Qaïda et de ses avatars a été largement évoquée lors du sommet de l’UA. De l’Egypte à la Somalie, en passant par le Mali et le Nigéria, de plus en plus de pays sont concernés par ce phénomène.

« Pendant la courte période depuis que j’occupe ce poste, j’ai été frappée par la détérioration de la situation politique et sécuritaire dans la région, en particulier en Libye, par les défis sécuritaires et politiques durables au Mali, et par les attaques terroristes récurrentes à travers la région, en particulier celles menées par Boko Haram au Nigéria », a affirmé, le 19 juin dernier, Hiroute Guebre Sellassie, la nouvelle Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahel.

Selon elle, l’intensification des attaques de Boko Haram dans le nord et le centre du Nigéria menace « le Cameroun, le Niger et le Tchad ». En outre, « le conflit et l’effondrement de l’Etat en République centrafricaine a entraîné une plus forte instabilité en Afrique centrale et augmenté le risque de nouvelles connections entre les groupes terroristes basés au Sahara/Sahel, au Nigéria et dans la Corne de l’Afrique/Afrique de l’Est », a-t-elle ajouté.

Malgré les interventions militaires, comme par exemple au Mali, ou encore en Somalie, où l’UA a déployé une importante force, l’AMISOM, en Somalie contre les milices islamistes Shebabs, liée à al-Qaïda, les attaques terroristes se multiplient depuis quelques mois et s’étendent à d’autres pays, comme au Kénya ou encore à Djibouti. De même que les groupes jihadistes, avec al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Ansaru, le Mujao, Ansar al-Charia, etc… Et des Etats qui se croyaient à l’abri de cette menace commencent sérieusement à s’en inquiéter.

« L’Afrique est menacée par le terrorisme transfrontalier » des groupes djihadistes, a, pour sa part, commenté le président al-Sissi. Nous condamnons toute forme de terrorisme (…)  détruit les Etats, les populations et porte atteinte à la religion », a-t-il ajouté, avant d’appeler ses pairs à « faire face avec force à ce fléau ».

« L’Afrique fait face depuis peu à un ennemi d’un nouveau genre plus redoutable et sans visage, je veux parler du terrorisme qui sévit en ce moment au Nigeria et en Somalie et qui a failli désagréger le Mali », a affirmé Idriss Déby Itno, le président tchadien, dont les forces armées ont joué un rôle important lors de l’opération Serval au Mali. Pour lui, il importe désormais aux Etats africains « d’assurer eux-mêmes leur sécurité individuelle et collective » et de ne pas se reposer uniquement sur les Occidentaux. « Pour nous, les Africains, il est temps de prendre en main notre sécurité », a enchéri Mohamed Ould Abdel Aziz, le président mauritanien.

La présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, a estimé quant à elle que les groupes jihadistes « représentent une menace pour le continent tout en entirer » et invité le Conseil de paix et de sécurité de l’UA à étudier « de nouveaux moyens de faire face à ce défi ».

Pour la ministre kényane des Affaires étrangères, Amina Mohamed, qui a parlé d’une « guerre globale », il faudrait renforcer les capacités en matière de renseignement et surtout les partager ainsi qu’avoir recours à des « interventions communes quand un pays est attaqué ».

Seulement, il y a déjà des projets allant dans ce sens qui tardent à devenir réalité, comme celui visant à mettre en place une Force africaine d’intervention rapide, qui devrait cependant voir le jour en 2015. Le problème est que cette force, composée de 5 brigades, et dont l’idée a déjà plus de 10 ans, repose sur les contributions volontaires des Etats, lesquels n’ont pas tous forcément de moyens financiers à y consacrer. En outre, il n’est pas certain que cela soit suffisant pour endiguer la prolifération de ces groupes jihadistes, comme on le voit au Nigeria, où une vaste opération militaire contre Boko Haram a été lancée voilà plus d’un an. Sans succès.

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