Le Conseil supérieur de la fonction militaire exaspéré « face au train de réformes »

Lors de ses récentes interventions, le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées (CEMA) ne manque pas d’évoquer l’état du moral des troupes dont il a la charge… Moral affecté par les réformes successives, les problèmes dans le paiement des soldes à cause du système Louvois ou bien encore les tensions budgétaires. Cela a encore été le cas récemment, lors de son discours prononcé à l’occasion de la clôture de la session nationale de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN).

« Nous nous situons aujourd’hui dans un contexte de dégradation sensible du moral, soulignée dans tous les rapports internes ainsi que dans le rapport que le haut comité d’évaluation de la condition militaire, autorité indépendante, vient de remettre au président de la République. Ce moral est changeant, parfois fragile, parfois variable, mais globalement à surveiller. Dans son ensemble, le personnel ressent de la lassitude, de la résignation : il traverse une crise de confiance qui, d’ailleurs, n’est pas sans lien avec celle que traverse la société en général », a ainsi affirmé le CEMA.

Instance interarmée nationale de concertation, le Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM) a utilisé un mot beaucoup plus fort lors de la séance pleinière du 20 juin dernier, organisée dans le cadre de sa 91e session.

Faute de compte-rendu de cette séance, il faut se reporter au résumé qu’en a fait la DICoD dans sa synthèse hebdomadaire de l’actualité du ministère de la Défense. Ainsi, l’on apprend que le CSFM a fait part au ministre, Jean-Yves Le Drian, de la « lassitude » et de « l’exaspération » de la « communauté militaire face au train de réformes » ainsi que de « ses inquiétudes quant au budget 2015 de la Défense ».

D’après le Larrousse, une exaspération correspond à un « état de violente irritation ». On en donc loin de la lassitude… Et dire que le secrétaire d’Etat au Budget, Christian Eckert, pense qu’il y a encore à gratter sur les dépenses de fonctionnement des armées…

Toutefois, souligne le résumé de la DICoD, le CSFM a « salué l’engagement du ministre et des grands subordonnés pour défende la loi de programmation militaire, déjà exigeante, dans le contexte budgéraire national ».

Par ailleurs, sur les 12 textes qui lui ont été présentés, le CSFM a rendu 9 avis favorables mais rejeté ceux qui visaient à créer un « compte épargne permissions » pour les militaires, lequel faisait partie des mesures du plan de condition des personnels présenté en décembre dernier, lors de la 90e session.

« C’est un souhait exprimé de longue date par la communauté militaire », avait affirmé, à l’époque, M. Le Drian, au sujet de cette mesure. L’objectif est de permettre, dans la limite d’un nombre maximum de jours par an, d’épargner des jours de permission que vous ne pourriez pas prendre. L’idéal reste, bien sûr, que vous puissiez bénéficier de vos permissions chaque année. Mais les activités exceptionnelles ne doivent pas vous pénaliser. C’est pour cette raison que je souhaite vous ouvrir la possibilité d’alimenter un compte épargne permission jusqu’à un nombre maximum de jours », avait-il expliqué.

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