Les voisins de l’Irak craignent une contagion de la crise

À la crise syrienne vient désormais s’ajouter celle provoquée par l’offensive de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), une organisation jihadiste, dans le nord du territoire irakien. Et les pays voisins ne sont pas sereins, c’est le moins que l’on puisse dire.

Ainsi, la Turquie n’a pas caché ses craintes de voir le conflit irakien déborder chez elle. Le pays partage en effet une frontière avec l’Irak, non loin de Mossoul, une ville passée sous le contrôle d’EIIL. En outre, l’organisation jihadiste a enlevé 80 ressortissants turcs lors de son offensive…

Seulement, la Turquie est membre de l’Otan. Et elle n’avait pas hésité à solliciter ses partenaires pour le déploiement de systèmes antimissiles Patriot afin de protéger sa frontière avec la Syrie, après avoir signalé plusieurs incidents. Que se passera-t-il dans le cas de troubles provoqués par l’EIIL, sachant que l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord engage les pays membres à porter secours à l’un des leurs s’il est agressé?

« Je peux vous assurer que les alliés de l’Otan se tiennent ensemble dans la solidarité et l’unité. Nous sommes attachés à la défense et à la protection de nos alliés, dont la Turquie », a affirmé Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Alliance, le 25 juin.

Outre la Turquie, la Jordanie est également préoccupée. Et cela d’autant qu’elle doit faire face à l’afflux de réfugiés syriens qui ont fui les combats dans leur pays et qu’elle partage une frontière de 180 km de long avec l’Irak. Depuis le début de l’offensive jihadiste, l’armée du royaume hachémite multiplie les démonstrations de force au poste frontière de Karameh.

« Les frontières sont la clef de la guerre et de la paix, et notre devoir est d’empêcher des infiltrations de groupes extrémistes. Nous ne laisserons pas une seule personne entrer illégalement sur notre territoire », a expliqué, à l’agence Reuters, le général Saber al Mahayrah.

À Rouwaïched, la dernière ville jordanienne avant la frontière avec l’Irak, es habitants affirment de pas avoir vu autant de mouvements de troupes depuis 2003 et l’opération américaine Iraqi Freedom.

Cependant, et cela vaut aussi pour la Turquie, il n’est guère probable que les jihadistes de l’EIIL aient l’intention d’envahir une partie du territoire jordanien, voire d’aller jusqu’à Amman. Tout simplement parce que les armées jordianniennes (et turques) sont d’un tout autre calibre que les forces irakiennes. En revanche, il n’est pas exclu qu’il y ait des tentatives d’infiltration pour y commettre des actions terroristes.

Cette crainte est aussi partagée par l’Arabie Saoudite, voisin de l’Irak (814 km de frontière commune). Ce 26 juin, le roi Abdallah a ordonné « aux autorités (saoudiennes) de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger (…) la sécurité du royaume face aux actions que pourraient entreprendre des organisations terroristes ou autres ». Toutefois, aucune précision n’a été donnée sur la nature des dispositions en question.

Par ailleurs, le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a évoqué des frappes aériennes syriennes contre des position d’EIIL en Irak. La formation jihadiste est en effet active en Syrie, mais aussi au Liban, où elle a revendiqué plusieurs attentats contre le Hezbollah chiite.

Le raid syrien aurait eu lieu près de la ville frontalière d’Al Kaïm. Le chef du gouvernement irakien n’a pas explicitement confirmé ces frappes mais a « salué tout coup porté aux jihadistes » d’EIIL.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]