Le mandat de la mission des Nations unies au Mali prolongé d’un an

Quand on lit le rapport que le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a remis le 9 juin au Conseil de sécurité, l’on se dit que le Mali n’est pas prêt d’être tiré d’affaire. La question touareg reste encore à régler, et cela d’autant plus que les violents combats qui ont eu lieu à Kidal, en mai, et au cours desquels les Forces armées maliennes (FAMa) ont été défaites, n’ont évidemment pas amélioré une situation déjà compliquée.

En outre, les groupes jihadistes, chassés du nord du pays par l’opération Serval, maintiennent une certaine influence, mesurée par une « augmentation sensible du nombre d’attentats terroristes visant les forces de sécurité maliennes, la MINUSMA (ndlr : Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali)  » et les militaires français ainsi que par les représailles « contre les civils soupçonnés de coopérer avec la communauté internationale » et les « assassinats ciblés d’informateurs présumés » des FAMa.

Qui plus est, la situation humanitaire reste préoccupante. « À la fin d’avril, 3,6 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire, dont 1,5 million étaient gravement touchées (la moitié dans les régions de Gao, Kidal, Mopti et Tombouctou) », lit-on dans le rapport de Ban Ki-moon, qui souligne aussi qu' »au 26 mai, seulement 19,3 % des 568 millions de dollars nécessaires pour financer le plan d’intervention stratégique pour le Mali ont été reçus aux fins de l’action humanitaire et du relèvement rapide ». D’où les « difficultés qu’éprouvent les partenaires humanitaires à répondre aux besoins recensés et à toute crise soudaine sont encore plus grandes ».

« Je suis profondément préoccupé qu’en l’absence de processus de politique, les groupes terroristes s’en prennent aux forces maliennes et internationales et menacent les civils dans le Nord », écrit Ban Ki-moon dans son rapport. « Après des améliorations initiales en 2013, la sécurité s’est dégradée dans le nord du Mali depuis le début de l’année 2014 (…) La MINUSMA pourrait être appelée à jouer un rôle plus important dans cette zone », poursuit-il

Compte tenu de ces éléments, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, le 25 juin, la résolution 2164 laquelle prolonge le mandat de la MINUSMA jusqu’au 30 juin 2015.

Cette dernière devra « étendre sa présence, notamment grâce à des patrouilles de longue portée (…) dans le nord du pays, au-delà des principales agglomérations, et en particulier dans les zones où les civils sont en danger » et « coordonner et soutenir les autorités maliennes pour lancer un processus de négociation ouvert et crédible ouvert à toutes les communautés du Nord du Mali ».

Après l’affaire de Kidal, un cessez-le-feu a été instauré le 23 mai. Depuis, les pourpalers de paix entre Bamako et les rebelles touareg n’ont toujours pas commencé. Aussi, la résolution 2164, qui rend hommage aux efforts réalisés par l’Algérie dans le réglement de cette question, « exhorte les autorités maliennes à lancer sans tarder un processus de négociation crédible et ouvert » et exige dans le même temps que les groupes armés déposent les armes.

Par ailleurs, les effectifs de la MINUSMA, lancée voilà un an, restent encore insuffisants. Normalement, la mission devrait compter 11.200 militaires et 1.440 policiers. Or, sur le terrain, elle ne dispose que de 8.280 soldats et 980 policiers, soit 73% de ses effectifs autorisés. D’où l’appel du Conseil de sécurité à « prendre les mesures nécessaires pour permettre à la MINUSMA d’atteindre sa pleine capacité opérationnelle le plus tôt possible ».

Outre les effectifs jugés encore insuffisants, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait déploré, dans son rapport remis le 9 juin au Conseil de sécurité, le manque de moyens aériens, notamment en hélicoptères.

Il est également question de doter la MINUSMA de drones de surveillance, lesquels, selon Hervé Ladsous, le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, « contribueraient grandement à la protection des civils et des soldats ». De tels appareils (des Selex ES Falco) ont été mis pour la première par une mission des Nations unies en décembre 2013, au Nord-Kivu.

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