Ukraine : L’Otan maintient le gel de sa coopération avec la Russie

Que le président Poutine ait demandé à son Parlement de revenir sur l’autorisation d’intervenir militairement en Ukraine qu’il lui avait accordé en mars dernier ne change rien à l’affaire. Si cette décision a été jugée « psychologiquement importante » par Angela Merkel, la chancelière allemande, il n’en reste pas moins que pour cette dernière, cela ne suffit pas. « Les progrès sont trop lents », a-t-elle estimé. « Les solutions diplomatiques sont toujours préférables mais si rien d’autre ne marche, les sanctions peuvent être remises à l’ordre du jour », a-t-elle ajouté, ce 25 juin, devant le Bundestag.

Pour l’Otan, le compte n’y est toujours pas. « Je regrette de constater que nous ne voyons aucun signe de respect par la Russie de ses engagements internationaux » a ainsi affirmé Anders Fogh Rasmussen, son secrétaire général, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Alliance, à Bruxelles.

De fait, la Russie de Boris Eltsine avait accepté de respecter les frontières de l’Ukraine, de pas recourir à la force et de ne pas avoir recours à la contrainte économique en co-signant le Memorandum de Budapest avec le Royaume-Uni et les Etats-Unis. En échange, Kiev renonçait aux armes nucléaires héritées de la période soviétique. Aussi, avec la prise de la Crimée, alors territoire ukrainien (mais à forte composante russophone), Moscou n’a pas tout simplement pas respecté ses engagements.

Depuis l’annexion de la Crimée, l’Otan a suspendu sa coopération avec la Russie, tout en laissant ouvert le canal des discussions d’ordre politique. Par conséquent, au vu des événéments dans l’est de l’Ukraine, où des séparatistes pro-russes font le coup de feu, il n’est pas question de revenir sur cette décision.

« L’idée d’un durcissement des sanctions va se renforcer au sein de l’UE si la Russie n’agit pas pour endiguer la violence dans l’est de l’Ukraine et soutenir le plan de paix proposé par le président ukrainien Petro Porochenko », a même commenté William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères, au cours de la réunion de ce jour.

« Nous ne voyons pas de changement dans l’attitude de la Russie », a enchéri M. Rasmussen. Aussi, « nous maintenons la suspension de la coopération pratique avec la Russie, tout en laissant ouvertes les voies du dialogue diplomatique », a-t-il annoncé. « Il ne peut y avoir de relations normales » car « la Russie a violé les règles » et « endommagé la confiance », a-t-il fait valoir.

Pour qu’il y ait un changement dans l’attitude de l’Otan à l’égard de Moscou, il faut « quatre choses », a expliqué M. Rasmussen : « prendre des mesures réelles et efficaces » pour arrêter la déstabilisation de l’Ukraine, « créer les conditions » pour que puisse s’appliquer le plan de paix proposé par le président Porochenko, « arrêter le soutien aux groupes armés séparatistes » (ndlr, le Kremlin nie un tel appui) et « mettre fin au passagege d’armes et de combattants » à travers la frontière.

Par ailleurs, les ministres ont approuvé de nouvelles mesures pour aider l’Ukraine à renforcer ses capacités défensives, notamment au niveau de la logistique, du commandement et de la cyberdéfense. Ces dernières seront financées via un fonds d’affectation spéciale qui pourrait atteindre 12 millions d’euros sur deux ans.

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