Les autorités pakistanaises se décident enfin à passer à l’offensive dans le Nord-Waziristan, fief des jihadistes

Cela faisait des années que les Etats-Unis demandaient aux autorités pakistanaises de lancer une grande offensive au Nord-Waziristan, une région tribale reconnue comme étant un bastion des mouvements jihadistes liés à al-Qaïda, de groupes de taliban afghans, comme le réseau Haqqani, et du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), le mouvement taleb pakistanais, responsable d’une vague d’attaques sanglantes dans le pays depuis 2007.

Alors que la mission de combat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, est sur le point de se terminer, l’armée pakistanaise est donc enfin passée à l’action au Nord-Waziristan. Cela dit, ces dernières semaines, elle y avait multiplié les raids aériens, sans que cela fasse autant parler que les frappes des drones américains…

Quoi qu’il en soit, cette opération militaire pakistanaise a commencé, le 15 juin, par de nouveaux bombardement aériens qui auraient déjà fait au moins 177 tués, selon un bilan qui n’a pas pu être confirmé par des sources indépendantes.

« A la demande du gouvernement, les forces armées pakistanaises ont lancé une opération militaire totale contre les terroristes locaux et étrangers qui se cachent dans leurs repaires du Waziristan du Nord », a annoncé l’état-major pakistanais, dans un communiqué publié dans la soirée. Outre l’aviation, cette opération implique de l’artillerie, des blindés ainsi que des « troupes au sol », selon un officier. Aucune précision sur le voulme des forces engagés n’a été donnée.

De leur côté, les taliban pakistanais ont fait savoir qu’ils attaqueraient le gouvernement « en brûlant ses palais » et demandé « à tous les investisseurs étrangers, compagnies aériennes et organisations multinationales de quitter immédiatement le pays pour éviter d’être eux aussi » pris pour cibles.

Aussi, la sécurité des sites sensibles a été renforcée, de même que dans les principales villes du pays, à commencer par Islamabad et Rawalpindi, où est situé l’état-major des forces armées pakistanaises. Les autorités semblent craindre surtout des attaques de prison. Par le passé, les combattants TTP prirent d’assaut des centres de détention pour libérer leurs camarades. Cela fut le cas en juillet dernier à Dera Ismail Kahn (252 évadés ou encore à Bannu, en 2012 (400 évadés).

L’on peut toutefois s’interroger sur les raisons qui ont poussé Islamabad à passer à l’offensive. Est-ce à cause de l’attaque de l’aéroport de Karachi, la semaine passée? Sans doute… Mais d’autres assauts similaires ont été menés par les taliban pakistanais sans que cela ait provoqué une telle réaction (attaque du QG de l’armée à Rawalpindi, de la base navale de Karachi, en 2011, etc…). Aussi, il est à craindre que cette opération ait été déclenchée trop tardivement.

Car selon une dépêche de l’AFP publiée le 13 juin, il se trouve que le Nord-Waziristan ait été délaissé depuis quelques semaines par les différents mouvements jihadistes qui y avaient trouvé refuge. «  »Plus de 80% des combattants jihadistes locaux et étrangers ont quitté le Waziristan du Nord », a assuré, à l’agence de presse, un habitant de Miransah, le chef-lieu de la région.

Beaucoup ont traversé la Ligne Durand (frontière) pour rejoindre l’Afghanistan. D’après un rapport du comité de sanctions contre al-Qaïda et ses alliés, ils prendraient désormais régulièrement à partie les forces de sécurité locales, notamment dans l’est, le sud et le nord du pays. « Ils représentent ainsi une menace inquiétante à long terme en provenance de l’Afghanistan, pour la région et au-delà, notamment en Asie centrale et du sud », note le document.

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