La réforme des forces armées britanniques sévèrement critiquée

Le National Audit Office (NAO) est l’équivalent, outre-Manche, de la Cour des comptes française. Dans un rapport qu’il a publié le 11 juin, cet organisme s’est penché sur la façon dont a été conduite la réforme des forces armées britanniques depuis la sortie, en octobre 2010, de la Strategic Defence and Security Review (SDSR).

Cette dernière entérinait le principe d’un réduction du 8% du budget de la Défense, ce qui supposait l’abandon plus ou moins assumé de certains capacités, une baisse drastique des effectifs pour financer des équipements modernes, ainsi qu’un recours accru aux externalisations et aux réservistes. Pour vendre ce projet, il était alors avancé que les forces britanniques allaient gagner en réactivité et en muscles.

Cela étant, le NAO n’a pas été tendre avec le gouvernement britannique, qu’il a accusé de s’être lancé dans une réforme sans savoir au préalable si elle était effectivement possible.

Ainsi, par exemple, le plan Army 2020 prévoit de ramener les effectifs de la British Army de 102.000 à 82.000 soldats professionnels, soit le niveau qui était le sien lors de la guerre des Boers. Dans le même temps, il est question de disposer de 30.000 réservistes de plus pour compenser cette réduction de format. L’objectif affiché était d’économiser de 10,6 milliards de livres sur 10 ans.

Seulement, pour le NAO, le compte n’y est pas. En avril 2012, la British Army comptait 19.410 réservistes. Soit un nombre quasiment identique (19.400) constaté deux ans plus tard par l’organisme de contrôle, alors que, parallèlement, les suppressions de postes ont continué. Actuellement, les forces terrestres britanniques disposent de 87.000 soldats professionnels environ.

Un autre problème soulevé par le NAO est le faible taux de recrutement de la British Army. Etant donné que le message envoyé à l’opinion porte sur la réduction des effectifs, les candidats à un engagement ne se bouscule pas. Or, même s’il y a une déflation de postes, il n’en reste pas moins qu’il faut quand même recruter de jeunes soldats (l’on voit rarement des grenadiers voltigeurs de plus de 45 ans…).

Pour 2013-14, l’objectif de la British Army était de recruter 9.715 jeunes. Seulement 6.366 ont signé un contrat d’engagement, ce qui fait un « déficit de 34% » selon le NAO. Mais pour ce dernier, le message contradictoire sur la suppression de postes et la nécessité de recruter n’est pas la seule en cause.

« Le contrat (ndlr, pour le recrutement) confié à Capita (un prestataire extérieur) a fait l’objet d’un certain nombre de difficultés qui ont affecté la performance en matière de recrutement », avance-t-il.

Aussi, le NAO estime que les coupes dans les effectifs ont été « trop précipitées » étant donné, que, selon lui, l’objectif de recruter 11.000 réservistes supplémentaires ne pourra pas être atteint d’ici 2025.

D’ici-là, comme le souligne un éditorialiste du quotidien The Telegraph, « cela veut dire qu’il y aura une décennie au cours de laquelle l’Army sera dangereusement sous-dimensionnée pour répondre à toute menace » sur la sécurité du Royaume-Uni. « Pour ajouter l’insulte à l’injure, il est même possible que les réductions d’effectifs ne puissent pas produire les 10,6 milliards d’économies. Et il est même possible que le ministère (MoD) finisse par dépenser plus que s’il avait maintenu le format de l’Army », poursuit-il.

Par ailleurs, le NAO a mis en garde contre les conséquences d’éventuelles coupes budgétaires supplémentaires sur les programmes d’armement. « Un manque d’équipement pourrait également conduire à des effets plus larges, comme un entraînement inéfficient, une perte d’efficacité ou une réduction des capacités d’intervention », a-t-il dit.

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