Le transfert des Etats-majors à Balard sera délicat pour la continuité de la conduite des opérations

En 2015, les services du ministère de la Défense seront regroupés sur un site unique de 16,5 hectares (dont 5 ha pour les constructions) implanté dans le XVe arrondissement de Paris, à Balard. Programme phare des réformes initiées en 2008, ce projet fait l’objet d’un partenariat public-privé (PPP), attribué au groupement Opale Défense, emmené par Bouyges.

Le coût de ce chantier a été évalué à 600 millions d’euros. S’il est pris en charge par l’entrepreneur, ce dernier recevra une redevance annuelle de 100 à 150 millions d’euros pendant 27 ans. Outre le loyer, cette somme couvre les frais financiers, l’entretien des bâtiments et d’autres services externalisés.

Invité à s’exprimer devant les députés de la commission de la Défense, le général Gratien Maire, major-général des armées a fait valoir que ce regroupement permettra une meilleure efficacité dans la mesure cette dernière « reposera d’abord sur une disposition physique des services plus rationnelle », ce qui « favorisera pour chacun les interactions avec ses partenaires les plus fréquents ».

Ainsi, a-t-il expliqué, « les armées, la DGA (Direction générale de l’armement) et les services du SGA (Secrétariat général pour l’administration, ndlr) ne seront pas seulement localisés sur ce site, ils y seront regroupés par fonction et par métier, renforçant ainsi les synergies fonctionnelles ». Et de préciser : « Pour les armées, l’un des principaux atouts de la formule réside dans la co-implantation des services concourant au commandement des opérations ».

Le site comptant deux parcelles, celle située à l’Ouest accueillera l’Etat-major des armées (EMA), les états-majors (Terre, Air, Marine) ainsi que le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) et le Commandement des opérations spéciales, qui quittera ainsi la base de Villacoublay. Le tout, « à proximité des équipes de direction du DGA et du SGA ».

Celle située à l’Est recevra les services chargés du maintien en condition opéraionnelle et du soutien, comme la SIMMAD (Structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense), la SIMMT (Structure du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres) et la DCSSF (Direction centrale du service de soutien de la flotte). À ce propos, le général Maire a expliqué que « ces équipes d’expertise technique seront ainsi colocalisées avec les services de la DGA, afin d’être plus efficaces dans la réalisation de nos équipements et dans leur maintien en condition opérationnelle, sujet extrêmement important et sensible ».

L’on aurait pu penser que l’état-major interarmées des forces et d’entraînement et que la fonction « exploitation » de la DRM (Direction du renseignement militaire), actuellement basés à Creil, soient installés auprès des états-majors. Il n’en sera rien cas ces deux structures prendront leurs quartiers dans la parcelle Est.

Mais là n’est pas le plus compliqué dans cette affaire. Car pendant que les états-majors et les services déménageront à Balard, il faudra veiller à ce qu’il n’y ait pas d’interruption dans la conduite des opérations en cours. D’où les quelques points qui, définis par le général Maire, devront faire l’objet d’une attention toute particulière.

« Cette phase de transfert vers Balard est naturellement très délicate. Notre vulnérabilité sera minimisée si le transfert est limité dans le temps. Le commandement des opérations ne peut évidemment souffrir la moindre discontinuité », a-t-il expliqué. Aussi, le déménagement du commandement des armées se fera autour d’un « bloc opérationnel cohérent », c’est à dire un « tout dont le le mouvement devra être assuré sans à-coup et dans un créneau temporel limité ». Et le général Maire de préciser : « Le déménagement du bloc opérationnel cohérent est aujourd’hui prévu sur sept semaines, entre avril et mai 2015 ».

« Nous serons par ailleurs particulièrement attentifs au niveau de disponibilité des systèmes d’information et de commandement, et des moyens de sûreté qui conditionneront évidemment largement le lancement effectif du déménagement », a encore indiqué le major-général des armées.

Cependant, le moindre délai dans la livraison des bâtiment sera susceptible de créer des problèmes. Et à ce sujet, il y a « quelques incertitudes » qui « subsistent ».  » Ces dates de livraison décalées ne permettront pas au commandement des armées d’être totalement transféré à Balard dès le début de l’été 2015. Nous étudions avec la DMPA (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) et la DRESD les options envisageables d’installation temporaire de certaines entités en attendant ces dernières livraisons, qui devraient s’effectuer en 2016″, a déclaré le général Maire.

« Nous sommes tout particulièrement vigilants, compte tenu de l’impact que pourrait avoir, pour le commandement des armées, un déménagement reporté », a-t-il poursuivi. Et pour cause : « les effectifs des organisations cibles ont été évalués au plus juste et tiennent compte des gains permis par le regroupement sur un même site », d’où l’importance que les délais soient tenus.

« Le modèle de soutien mis en place est nouveau et prometteur mais, évidemment, il devra faire ses preuves », a continué le général Maire. « Le soutien de Balard s’appuie sur un niveau d’externalisation poussé, qui concerne également une partie des systèmes d’information et de commandement », a-t-il. Or, ces derniers sont essentiels à la conduite des opérations. « Un tel degré d’externalisation n’a jamais été expérimenté sur d’autres sites de la Défense », a-t-il souligné.

« Le cahier des charges, défini dans le contrat, satisfait les exigences. La DRESD, en charge de la direction du projet, accompagnée par les équipes du SGA et la DIRISI (Direction interarmées des réseaux d’infrastructures et des systèmes d’information de la Défense), s’attache à faire valoir régulièrement les impératifs du ministère dans le cadre de ses travaux avec le prestataire », a expliqué l’officier. Toutefois, et c’est un autre point sur lequel la vigilance s’impose, « seule la confrontation à la réalité du terrain permettra de vérifier que la réponse du prestataire est à la hauteur de nos impératifs opérationnels ». En clair, c’est sur le tas que l’on verra si tout fonctionne correctement… ou pas.

Cependant, plus loin, le général Maire a précisé, toujours au sujet des systèmes d’information et de communication, qu’une « organisation extrêmement fine » a été mise en place afin de permettre de « répartir très clairement les responsabilités entre OPALE et la DIRISI ».

« Malgré une certaine interdépendance, l’infrastructure générale est contractualisée auprès de cette société OPALE, l’administration des systèmes d’information, y compris les plus sensibles reste, quant à elle, évidemment sous la responsabilité de la DIRISI. Dès aujourd’hui, les deux entités, OPALE et DIRISI, sont installées côte à côte pour gérer l’implantation de ces systèmes », a-t-il affirmé.

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