Un écrivain d’origine russe lauréat du prix littéraire Erwan Bergot, décerné par l’armée de Terre

makine-20140605Faire un choix parmi les oeuvres sélectionnées pour le prix littéraire Erwan Bergot, décerné tous les ans par l’armée de Terre pour distinguer un livre « célébrant l’engagement au service de la France et de ses valeurs essentielles », est souvent difficile.

L’édition 2014 n’y a pas coupé, avec des auteurs connus et reconnus, comme Jean-Christophe Ruffin (Le collier rouge, Gallimard), le philosophe Robert Redecker, qui, dans son essai intitulé « Le soldat impossible« , s’est interrogé sur la place du fait militaire dans la société contemportaine, ou encore Jacques Chancel, qui, dans « La nuit attendra« , livre une facette méconnue de sa vie en Indochine.

Recueil de témoignages de 14 Compagnons de la Libération, « Nous n’étions pas des héros: Les Compagnons de la Libération racontent leur épopée« , publié par Benoît Hopkin (éditions Calman Lévy), ne pouvait que figurer parmi les finalistes. De même que « Le vent d’Alasay« , le très captivant roman de Michel Sègre ayant pour toile de fond la province de Kapisa et l’engagement militaire français en Afghanistan.

Finalement, le jury a porté son choix sur « Le pays du lieutenant Schreiber« , d’Andreï Makine. Né en Sibérie, cet écrivain s’était fait connaître en 1995 en obtenant le Prix Goncourt, le Goncourt des lycéens et le prix Médicis pour son roman d’inspiration autobiographique « Le testament français ».

Dans son dernier livre, Andreï Makine s’est intéressé à la période militaire de Jean-Claude Servan-Schreiber, cousin de Jean-Jacques, avec qui il a fondé le magazine L’Express.

Officier du 4e Régiment de Cuirassiers, Jean-Claude Servan-Schreiber s’est courageusement battu pendant la campagne de France de mai-juin 1940. Décoré pour acte de bravoure en avril 1941, il est dans le même temps exclu de l’armée parce qu’il est juif. Après s’être enfui par l’Espagne, il est affecté au 5e Régiment de Chasseurs d’Afrique. Il débarquera ensuite à la tête de son peloton de chars en Provence avant de prendre part aux combats de la Libération. Il terminera la guerre en Bavière, à deux pas du « nid d’aigle » d’Hitler.

« Je n’aurais jamais imaginé un destin aussi ouvert sur le sens de la vie. Une existence où se sont incarnés le courage et l’instinct de la mort, l’intense volupté d’être et la douleur, la révolte et le détachement. J’ai découvert un homme qui avait vécu à l’encontre de la haine, aimé au milieu de la pire sauvagerie des guerres, un soldat qui avait su pardonner mais n’avait rien oublié. Son combat rendait leur vraie densité aux mots qu’on n’osait plus prononcer : héroïsme, sacrifice, honneur, patrie…J’ai appris aussi à quel point, dans le monde d’aujourd’hui, cette voix française pouvait être censurée, étouffée », écrit Andreï Makine.

À noter également que le remarquable essai du colonel Michel Goya, « Sous le feu : La mort comme hypothèse de travail« , s’est vu attribuer, à l’unanimité, la mention spéciale du jury.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]