Frontière ukrainienne : L’Otan voit des « signes de retrait » des forces russes

Serait-ce enfin la réalisation de la promesse faite à plusieurs reprises par Vladimir Poutine et qui n’avait jamais été, jusque-là, suivie d’effet? On peut le penser, d’après les propos tenus le 30 mai à Vilnius par Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan.

« Nous avons vu quelques signes d’un début du retrait russe. Peut-être environ les deux tiers se sont déjà repliés », a-t-il en effet déclaré lors du conférence de presse. La veille, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, avait indiqué savoir « des milliers de soldats russes ont entamé un retrait mais que des milliers de militaires russes sont encore positionnés près de la frontière et qu’il n’ont pas encore été redéployés ».

Etant donné que l’Otan avait évalué les effectifs russes près de la frontière ukrainienne à 40.000 hommes, si l’estimation de M. Rasmussen est exacte, cela signifie qu’il en reste encore plus de 13.000 soldats.

Par ailleurs, le secrétaire général a annoncé la tenue d’une réunion dans le cadre du Conseil Otan-Russie (COR) le 2 juin prochain, à Bruxelles. Ce sera la première du genre entre les ambassadeurs des 28 pays membres et leur homologue russe, Sergeï Lavrov depuis l’annexion de la Crimée, début mars. Si l’Alliance avait en effet gelé sa coopération militaire avec Moscou, elle avait toutefois laissé ouvert le dialogue politique.

Sans doute que les relations de l’Ukraine et de l’Otan seront abordées à cette occasion. Sur ce sujet, M. Rasmussen a fait savoir qu’il « y aura à l’avenir une coopération renforcée » avec Kiev, y compris dans le domaine militaire.

Ce qui, comme l’on peut s’en douter, ne réjouira pas les autorités russes, même si, dans les faits, l’Ukraine participe déjà au Programme de Partenariat pour la Paix de l’Alliance.

En outre, M. Ramussen a indiqué que « l’Otan  ne peut pas fournir elle-même des équipements militaires » à l’Ukraine mais que « des accords avec des pays membres pourraient être conclus ». Et de préciser : « S’agissant de la livraison de matériel, cela passe par un accord bilatéral entre le gouvernement ukrainien et les alliés ».

Cela étant, si l’Otan a observé des « signes » de retrait des forces russes, M. Rasmussen a de nouveau appelé Moscou à cesser de soutenir les « gangs prorusses armés » actifs dans le Donbass et à « fermer la frontière pour que les armes et les combattants cessent d’arriver en Ukraine ».

Presque du tac au tac, Moscou a de son côté affirmé avoir arrêté des « terroristes » ukrainiens en Crimée. Selon le FSB (issu de l’ex-KGB), ce groupe, qui appartiendrait à Pravy Sektor, une formation paramilitaire d’extrême droite, s’apprêtait à commettre des attentats contre des infrastructures de l’ancienne république autonome ukrainienne.

Parmi les hommes arrêtés figure le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov. Selon le FSB, il serait même le meneur du groupe. Ce qu’a du mal à croire Alexandre Sokourov, un réalisateur russe récompensé en 2011 par Lion d’or à la 68e Mostra de la Biennale de Venise pour Faust, pour qui son jeune confrère « paye pour ses prises de position politiques ». D’ailleurs, Pravy Sektor a démenti le compter parmi ses militants.

Pour autant, les informations dont a fait état le FSB sont précises (ce qui ne veut pas dire qu’elles sont totalement avérées). « Le principal objectif du groupe était de commettre des actes terroristes dans les villes de Simféropol, Yalta et Sébastopol, et de détruire une série d’infrastructures, de ponts ferroviaires, de lignes électriques », a-t-il indiqué dans un communiqué. Les terroristes présumés sont notamment accusés d’avoir voulu faire exploser une statue de Lénine dans la nuit du 8 au 9 mai. Pourquoi donc n’en parler que maintenant?

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