Les Etats-Unis encouragent Tokyo et Séoul à coopérer dans la défense antimissile

Les relations entre le Japon et la Corée du Sud ne sont pas au beau fixe actuellement. Le poids du passé n’y est pas étranger, de même que des disputes territoriales, notamment au sujet des « Rochers Liancourt », appelés Takeshima à Tokyo et Dokdo à Séoul. Cependant, ces deux pays font face à une même menace : celle des missiles balistiques que la Corée du Nord cherche à développer.

Aussi, l’amiral James Winnefeld, le vice-chef d’état-major interarmées américain, a invité le Japon et la Corée du Sud à renforcer leur coopération dans le domaine de la défense anti-missile afin de faire face conjointement à la menace balistique nord-coréenne.

« Nous encourageons nos alliés et partenaires à acquérir leurs propres systèmes de défense antimissiles et à renforcer la coopération régionale, ce qui se traduira par de meilleurs résultats que si les pays agissent isolément », a déclaré, le 28 mai, l’amiral Winnefeld, devant l’Atlantic Council, un cercle de réflexion de Washington, tout en reconnaissant qu’il s’agissait-là d’une question « politiquement très sensible » en raison des relations tendues entre Séoul et Tokyo.

« Des progrès dans ce domaine augmenteraient notre confiance face aux provocations persistantes nord-coréennes », a fait valoir l’amiral Winnefeld, qui a expliqué que « les capacités balistiques développées par Pyongyang sont plus avancées que celles de l’Iran, même si la Corée du Nord n’est pas en mesure à l’heure actuelle de frapper le territoire continental américain ».

Une autre raison avancée par l’amiral Winnefeld est la pression exercée sur les budgets militaires, même si ceux du Japon et de la Corée du Sud sont épargnés par les plans d’économies. « Le fait est, un missile THAAD (ndlr, Terminal High Altitude Area Defense), qui coûte environ 11 millions de dollars, pourrait être lancé contre un Scud qui ne coûte que 3 millions », a-t-il dit.

Cela étant, les Etats-Unis disposent déjà, dans la région, de nombreux moyens pour détecter et détruire des missiles hostiles, notamment avec la présence de destroyers dotés du système antimissile AEGIS couplé à des missiles intercepteurs SM-3 (la marine japonaise en dispose aussi de 6 exemplaires) et il est prévu l’installation, d’ici la fin de cette année, d’un second radar d’alerte avancée TPY-2 au Japon. Un autre matériel de ce type, le SBX (Sea-based X-Band radar), peut être déployé à tout moment depuis le port d’Adak Island, en Alaska. Il l’avait d’ailleurs été en avril 2013.

Enfin, l’armée américaine a installé, l’an passé, une batterie antimissile THAAD sur l’île de Guam. Et d’après le Wall Street Journal, il serait question d’en déployer une autre en Corée du Sud. Mais le Pentagone n’a pas confirmé cette information. « A ce jour, il n’y a pas de décision prise par les Etats-Unis ou la République de Corée, sur un tel déploiement », a déclaré le colonel Steven Warren, un porte-parole.

En revanche, l’installation d’un autre radar d’alerte avancée, d’ici 2020, dans la zone Asie-Pacique, qui viendrait donc d’ajouter aux autres déjà en place (ou en passe de l’être), a été confirmée par l’amiral Winnefeld. Le Wall Street Journal avait évoqué cette éventualité en août 2012…

Le propos du vice-chef d’état-major interarmées américain a été axé sur la menace nord-coréenne. Mais la Corée du Nord étant proche de la Chine, le renforcement des capacités anti-missile dans la région concerne également cette dernière. Ce que l’annonce au sujet du déploiement d’un radar X-Band supplémentaire dans le Pacifique confirme implicitement, puisqu’il permettrait ainsi de créer un arc devant permettre aux Etats-Unis et à leurs alliés dans la zone d’améliorer la détection et le suivi des missiles balistiques lancés depuis les territoires nord-coréen et chinois.

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