Le porte-avions russe « amiral Kouznetsov » passe par la Manche et la marine néerlandaise est aux fraises

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Le 18 avril dernier, le porte-avions russe Amiral Kouznetsov a appareillé de Mourmansk, son port d’attache, en compagne de son groupe aéronaval, pour une mission dans l’Atlantique Nord destinée à préparer les équipages « à agir dans les tempêtes qui sévissent souvent dans cette zone », dixit l’état-major de la marine russe.

Jusque-là, il n’y a rien de particulier : un déploiement en Atlantique Nord est relativement fréquent pour ce type de navire. Mais, selon les journalistes néerlandais Lieuwe de Vries et Ruben Veenstra, la route empruntée par le groupe aéronaval russe pour rentrer à son port d’attache a été cette fois différente. Le 8 mai, il est en effet passé non loin de la zone économique exclusive des Pays-Bas.

« Habituellement, les Russes préfèrent contourner l’Irlande par l’Atlantique Nord pour éviter le trafic maritime. Ce passage par la Manche peut être considéré comme une démonstration de force typique de la part des Russes », expliquent les deux journalistes spécialisés dans les affaires de défense.

Normalement, la marine néerlandaise, selon les usages en vigueur au sein de l’Otan, aurait dû envoyer un navire pour assurer la surveillance et l’escorte du Kouznetsov, comme le fit plus tôt la Royal Navy, qui avait envoyé le destroyer HMS Dragon pour « pister » le groupe aéronaval russe (à noter qu’elle s’était fait surprendre en décembre 2013, en envoyant en urgence le HMS Defender pour voir de plus près le même navire russe alors qu’il naviguait près des eaux écossaises).

Normalement, donc. Sauf que cela n’a pas été du tout le cas. Certes, la frégate NLMS De Zeven Provinciën avait bien repéré le groupe aéronaval russe. Mais sa mission étant de rejoindre la côtes des Somali, elle a poursuivi sa route. Et quand le Kouznetzov est arrivé en mer du Nord, il n’y avait plus aucun navire néerlandais disponible pour assurer une mission d’escorte. Tout au plus les garde-côtes néerlandais ont pu envoyer un avion Dornier 228, dépourvu de moyens de recueil de renseignement.

Dans leur article, Lieuwe de Vries et Ruben Veenstra déplorent les coupes budgétaires drastiques dont ont été victimes les forces armées néerlandaises. Dans les années 1980, expliquent-ils, les Pays-Bas disposaient de 56 navires, contre seulement 23 actuellement, et encore, en comptant large. Quant aux avions de patrouilles maritime du type P3 Orion, ils ont été retirés du service sans être remplacés.

« Ce récent incident alimente les discussions dans les milieux politiques néerlandais sur le niveau actuel des dépenses de défense », rapportent les deux journalistes. Actuellement, le budget militaire néerlandais représente 1,3% du PIB, bien loin des 2% de la norme Otan. « Ajoutez à cela que les Pays-Bas est l’un des rares pays qui applique la TVA sur les achats de défense, le pourcentage réel est probablement plus proche de 1,1% », expliquent-ils.

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