Washington prévoit de maintenir 9.800 soldats en Afghanistan jusqu’à la fin 2016

Il est bien évidemment encore trop tôt pour faire le bilan de la politique étrangère menée par le président Obama depuis qu’il a été élu à la Maison Blanche, en novembre 2008. Mais pour le moment, il n’est pas fameux au regard des ambitions affichées. Certes, des  les avancées dans les négocations portant sur le nucléaire iranien ont eu lieu. Mais dans de nombreux dossiers, les Etats-Unis semblent être en difficulté.

Ainsi, en Syrie, et même si l’arsenal du régime de Bachar el-Assad est en cours de démantèlement, la ligne rouge que le président Obama avait définie (usage d’armes chimiques) a été franchie, les discussions de paix au Proche Orient font du surplace (cela dit, ses prédécesseurs n’ont guère été plus heureux sur ce dossier). En Asie, la Chine ne cesse de réaffirmer ses prétentions territoriales, notamment aux dépens du Japon et des Philippines, la Corée du Nord continue son programme nucléaire et ses provocations à l’égard de son voisin du sud.

Ailleurs, la Russie a pu arracher, sans coup férir, la Crimée à l’Ukraine, les relations avec certains pays d’Amérique du Sud (Brésil, Vénézuela) demeurent tendues, les autorités irakiennes ont perdu le contrôle de Falloujah, ce qui, sur le plan du symbole, est dévastateur quand l’on sait les efforts consentis par l’armée américaine pour arracher cette ville aux insurgés islamistes en 2004. Et il ne manquerait plus de voir le drapeau des taliban flotter sur Kaboul pour ternir encore plus ce tableau.

Justement, pour éviter ce scénario, Washington a conclu un traité bilatéral de sécurité (BSA) avec Kaboul… Seulement, le président afghan, Hamid Karzaï, refuse de le ratifier au prétexte que ce sera à son successeur de le faire. Il faut dire que les relations entre ce dernier et le Barack Obama ne sont pas au beau fixe…

Quoi qu’il en soit, et au regard du premier tour de l’élection présidentielle afghane, ce BSA devrait entrer en vigueur étant donné que les deux finalistes – Abdullah Abdullah et  Ashraf Ghani – y sont favorables. Et pour cause : ce texte permettra le maintien d’un contingent américain après 2014, c’est à dire le retrait des Forces internationales de soutien à la sécurité (ISAF), déployés en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan.

Or, les doutes sur la capacité des forces armées afghanes à faire face aux insurgés taliban subsistent. Sans BSA, par exemple, elles se verraient être privées d’appui aérien… En outre, selon une étude publiée il y a quelques semaines par l’Institut d’études International Crisis Group (ICG), la tendance générale est à une haisse des attaques des insurgés, lesquels ont récemment leur offensive de printemps, appelée, cette année, Khaïbar (en référence à une bataille gagnée dans les premiers temps de l’islam).

Dans son rapport, l’ICG va plus loin en affirmant que les rebelles ont infligé, en 2013, quasiment autant de pertes aux forces afghanes qu’ils en ont subies eux-même. Cela s’explique par le fait que les troupes de l’Otan ne sont plus en première ligne dans la mesure où la responsabilité de la sécurité a été transmises aux autorités afghanes sur l’ensemble du pays.

Dans ce contexte, le maintien de troupes occidentales – et américaines en particulier – ne sera pas de trop. Dans le cas où ce fameux BSA viendrait à être ratifié, le président Obama a ainsi annoncé, le 27 mai, le maintien d’un contingent de 9.800 hommes en Afghanistan à l’issue de la mission de l’ISAF en décembre prochain.

De son côté, l’Otan prévoit un soutien (formation, logistique) aux troupes afghanes dans le cadre d’une nouvelle opération, baptisée « Resolute Support). Cette dernière dépend de négociations engagées avec Kaboul. D’ailleurs, l’annonce de Barack Obama a été favorablement accueillie par les responsables de l’Alliance. « Je m’attends à ce que les ministres de la Défense de l’Otan discutent de la fin de notre mission Isaf et les préparatifs de la nouvelle mission lors de leur rencontre à Bruxelles la semaine prochaine », a commenté sa porte-parole, Oana Lungescu.

Mais cette présence militaire américaine en Afghanistan aura une durée limitée, puisqu’elle prendra fin en 2016, ce qui coïncidera avec la fin du mandat du président Obama. Il s’agit d’éviter, si possible, de reproduire ce qu’il s’est passé dans les années 1990, avec l’arrêt du soutien de l’Union soviétique au régime afghan, qui avait été maintenu après le départ de l’Armée rouge.

D’ailleurs, les taliban n’ont pas manqué de réagir à l’annonce du président Obama en y faisant une allusion implicite. « En maintenant ces soldats, les Etats-Unis poursuivent leur occupation de l’Afghanistan et violent la souveraineté (du pays), la religion et les droits de l’Homme dans le pays », ont-il dénoncé, eux qui, en la matière, sont les derniers à pouvoir donner des leçons.

« Au vu de l’expérience du passé, nous disons aux Américains que s’ils veulent perdre leur temps ici, créer des problèmes dans notre pays… ils en subiront les conséquences encore plus que les autres », ont-ils ajouté. Et de conclure : « Si les Américains veulent vraiment en finir de la guerre afghane, ils doivent retirer tous leurs soldats du pays… Nous poursuivrons le ‘jihad’ même si un seul soldat américain reste en Afghanistan ».

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