La Chine accusée d’avoir coulé un bateau de pêche vietnamien dans une zone contestée

paracels-20140510

Depuis que la Chine a installé une plate-forme pétrolière de la compagnie publique CNOOC dans les eaux disputées de l’archipel des Paracels, à 240 km au large du littoral vietnamien, la tension entre Pékin et Hanoï ne cesse de monter.

Au début du mois, des incidents entre des patrouilleurs vietnamiens et des navires chinois chargés de protéger la zone ont été rapportés.

Ces derniers ont ensuite donné lieu, quelques jours plus tard, à de violentes manifestations qui ont visé les intérêts chinois au Vietnam. A tel point que Pékin a décidé d’évacuer de ce pays ses 3.000 ressortissants qui s’y étaient installés. Au passage, les autorités chinoises ont accusé leurs homologues vietnamiennes d’avoir encouragé ces troubles.

Par ailleurs, selon le quotidien The Epoch Times, qui s’est basé sur des photographies et des témoignages d’habitants, d’importants mouvements de troupes chinoises auraient été constatées  à la frontière avec le Vietnam. Info ou intox?

C’est dans ce contexte qu’un nouvel incident s’est produit, toujours dans les eaux de l’archipel des Paracels, en mer de Chine méridoniale. Selon Hanoï, un bateau de pêche vietnamien aurait été coulé après avoir été éperonné par un navire chinois. C’est du moins ce qu’ont raconté les 10 pêcheurs qui se trouvaient à bord et qui ont par la suite secourus par les garde-côtes.

Le ministère vietnamien des Affaires étrangères a appelé Pékin « à cesser de menacer les vies, les biens et les droits légitimes des pêcheurs vietnamiens ». Ce à quoi la diplomatie chinois a répondu en soulignant que « la cause directe de cet incident est le fait que le Vietnam a perturbé le travail normal de la partie chinoise ».

Le Japon, également aux prises avec la Chine au sujet des îles Senkaku/Diaoyu, a qualifié cet incident « d’extrêmement dangereux ». Ce week-end, deux avions de surveillance et de renseignement japonais ont été menacés par des chasseurs SU-27 chinois, alors engagés dans l’exercice « Union maritime 2014 », mené conjointement avec la marine russe.

Le 22 mai, lors d’un déplacement à Tokyo, le vice-Premier ministre vietnamien, Vu Duc Dam, a d’ailleurs estimé que « la paix et la stabilité en mer de chine sont sérieusement menacées, ce qui suscite des inquiétudes dans la région et dans le monde » tandis que, la veille, son chef, Nguyen Tan Dung, avait affirmé que « le Vietnam réfléchit à diverses options de défense, notamment des actions juridiques conformes au droit international ».

« Je tiens à souligner que le Vietnam défendra avec détermination sa souveraineté et ses intérêts légitimes car la souveraineté territoriale, notamment la souveraineté sur ses zones maritimes et ses îles, est sacrée », a aussi affirmé le Premier ministre vietnamien à l’occasion Forum économique mondial sur l’Asie de l’Est, organisé à Manille (Philippines).

« Le risque d’un conflit va perturber des flux colossaux de marchandises et avoir des effets imprévisibles sur les économies régionales et mondiales », a-t-il poursuivi, avant de déclarer que son pays et « les Philippines sont déterminés à s’opposer aux intrusions chinoises dans leurs eaux territoriales.

Cette déclaration du Premier ministre vietnamien montre que le Vietnam, isolé militairement dans la région Asie-Pacifique, cherche des appuis avec des pays confrontés aux mêmes problèmes que lui face à la Chine.

Egalement en froid avec la Chine pour des différends territoriaux dans les eaux des îles Spratleys, Manille (alliée proche de Washington) a saisi, en mars, la Cour permanente d’arbitrage, basée à La Haye, pour avoir confirmation de son droit à  à exploiter sa propre zone économique exclusive en mer de Chine méridionale, conformément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), ce que Pékin a très mal pris.

Dans un récent papier publié par le Boston Globe, et après avoir rappelé que « les célèbres ‘Pentagon Papers’ révélèrent que la principale raison pour l’Amérique de faire la guerre au Vietnam était de contenir la Chine communiste en Asie du Sud-Est », un éditorialiste du journal a souligné que « bien que Pékin fournissait Hanoï en armes, Washington n’avait pas réalisé, à l’époque que cette alliance ne survivrait pas au retrait des Français et des Américains et que le meilleur bloc contre la Chine en Asie du Sud était l’armée nord-vietnamienne ».

En 40 ans, Pékin et Hanoï ont été en guerre à deux reprises (1979 et 1984), si l’on ne compte pas la bataille navale pour prendre le contrôle des Paracels en 1974 (le Vietnam n’était pas encore réunifié). Va-t-on vers un nouveau conflit entre ces 2 puissances?

La semaine dernière, l’amiral Samuel J. Locklear III, le chef de l’US Pacific Command, a averti qu' »une erreur de calcul dans le différend entre la Chine et le Vietnam pourrait déclencher un conflit plus large » et exhorté les deux pays à faire preuve de retenue… Pour le moment, l’on n’en prend pas trop le chemin.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]