L’Union africaine a obtenu un cessez-le-feu entre le gouvernement malien et les rebelles touaregs

Après de violents combats qui ont opposé, ces derniers jours, des groupes armés aux forces armées maliennes (FAMa), la ville de Kidal, bastion touareg, est passée sous le contrôle du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), de même que, selon les Nations unies, Ménaka, localité située à 600 km plus au sud. En outre, Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a affirmé que des mouvements rebelles avaient été rapportés, le 23 mai, « à Anefis et Aguelhoc ».

« Les affrontements ont causé des morts et des blessés de part et d’autre. (…) Nous avons une vingtaine de morts malheureusement », a annoncé Soumeylou Boubèye Maïga, le ministre malien de la Défense alors que le MNLA avait, plus tôt, fait part de pertes deux fois plus élevées dans les rangs des FAMa, lequelles ont perdu, dans ces combats, le colonel Fayçal Ag Kiba, un proche du général El Hadj Ag Gamou, un officier supérieur touareg loyaliste connu pour ses faits d’armes.

Quoi qu’il en soit, pour Bamako, ce revers militaire est cuisant… D’autant plus qu’il rappelle la façon dont les FAMa furent défaites en 2012, lors de l’offensive des groupes armés touareg, associés aux jihadistes d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et montre surtout que la question du nord du Mali n’a fait aucun progrès.

Pour éviter une aggravation de la crise, le président en exercice de l’Union africaine (UA), le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, a exhorté, le 22 mai, Bamako à dialoguer avec les rebelles, estimant que « ramener la paix, ce n’est pas s’engager dans une guerre ». Et d’ajouter, alors qu’il se trouvait aux côtés du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta : « Il faut privilégier le dialogue parce que, tôt ou tard, on aura besoin de discuter ».

Finalement, sous l’égide de l’UA et la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA), un accord de cessez-le-feu entre le gouvernement malien et trois groupes armés rebelles (MNLA, Haut conseil pour l’unité de l’Azawad, formé par des dissidents du groupe jihadiste Ansar Dine et Mouvement arabe de l’Azawad), a été signé le 23 mai au soir.

L’annonce en a été faire par le président mauritanien à l’antenne de la télévision publique malienne (ORTM).

D’après la MINUSMA, les signataires ont convenu de cesser les hostilités sur l’ensemble du territoire malien et de revenir à l’accord préliminaire signé à Ouagadougou le 18 juin 2013 afin de reprendre immédiatement les négociations. « Ils ont également convenu de la libération des prisonniers dans les meilleurs délais, de faciliter les opérations humanitaires des Nations unies et autres partenaires humanitaires, et de respecter les principes de droit humanitaire en vigueur », a ajouté la mission de l’ONU, qui aussi précisé qu’ils « sont tombés d’accord sur la mise en place d’une commission internationale d’enquête relative aux événements survenus, en commençant par Kidal ».

Par ailleurs, et alors que la MINUSMA et la force française Serval ont été tenus pour responsables de la situation au Nord-Mali par des manifestants, trois partis d’opposition représentés au Parlement malien ont quant à eux réclamé la démission du Premier ministre Moussa Marra, dont la visite à Kidal, la semaine dernière, a été l’origine des affrontements.

« Le président de la République, le Premier ministre et tout leur gouvernement sont les principaux responsables de la tragédie de Kidal et de l’humiliation de notre pays. (…) Face à la gravité de la situation, nous exigeons la démission du Premier ministre Moussa Mara et la dissolution du gouvernement », ont affirmé dans une déclaration commune,  l’Union pour la République et la démocratie, le Parti pour la renaissance nationale et le Parti pour la restauration des valeurs du Mali-Fasoko (PRVM-Fasoko).

« De toute évidence, cette opération militaire, comme la visite du Premier ministre à Kidal, a été improvisée, conçue et mise en oeuvre sans la préparation minutieuse qu’exige une décision d’une telle importance pour le pays. Nos soldats (…) ne sauraient être tenus responsables de cette débâcle militaire », ont-ils ajouté.

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