Nouvelle charge contre la politique d’externalisation du ministère de la Défense

Avec la fin du service militaire, le ministère de la Défense a bien été contraint d’externaliser certaines fonctions. Mais toutefois sous certaines conditions. Ainsi, pour qu’une externalisation soit décidée, elle ne doit pas porter atteinte à la capacité des armées à réaliser leurs missions opérationnelles tout en préservant l’intérêt des personnels. Sur le plan comptable, elle doit « assurer dans la durée des gains économiques et budgétaires significatifs ».

Seulement, sur ce dernier point, les différentes externalisations décidées au cours de ces dernières années présentent un bilan contrasté, d’ailleurs souligné par la Cour des comptes. Si certaines fonctions peuvent très bien être externalisées (comme le transport aérien stratégique, par exemple) d’autres ne générent pas les gains attendus.

Lors d’un rapport publié en juillet 2011, Bernard Cazeneuve, alors député (devenu depuis ministre du Budget, puis de l’Intérieur) avait estimé que ces externalisations contribuaient « à la désorganisation du ministère » de la Défense sans que les « économies promises » fussent trouvées. Et visiblement, Mme Patricia Adam, présidente la commission de la Défense et des Forces armées à l’Assemblée nationale, partage aujourd’hui ce point de vue.

« La dernière réforme de 2008 a profondément désorganisé le ministère de la Défense, quand l’objectif affiché était de le réorganiser. (…) Il a été décidé de créer les bases de défense, avec pour objectif de faire des économies sur le fonctionnement afin de réaliser plus d’investissements dans les équipements, et de les réaffecter au profit de l’amélioration de la condition des militaires », a-t-elle commencé par rappeler lors d’un entretien accordé à Mer&Marine. Or, a-t-elle poursuivi, cela « n’a pas été le cas » et « c’est même le contraire qui s’est passé » car « non seulement il n’y a pas eu d’économie, mais en réalité les dépenses ont été supérieures de près d’un milliard d’euros à ce qu’elles étaient avant ».

Aussi, a-t-elle ajouté, « nous avons eu des dépenses supplémentaires avec la politique d’externalisation et l’on peut vérifier aujourd’hui que dans un certain nombre de cas,  comme l’entretien des bases et des locaux, ou encore la restauration, cela coûte beaucoup plus cher que lorsque ces services étaient assurés en interne ». Mais le « pire », selon Mme Adam est qu’il « n’y a plus de moyens pour financer les externalisations » alors que les « emplois ont disparu ». Et cela n’est évidemment pas sans conséquences…

A Mourmelon, a-t-elle dit, « l’on ne peut même plus tondre la pelouse puisque les postes ont été supprimés par la RGPP » et « il n’y a plus d’argent pour payer un prestataire extérieur »…. Et de conclure : « la RGPP, comme certains choix d’externalisation, ont eu des effets dévastateurs, et immédiatement ressentis par les personnels ».

Cela étant, le recours aux externalisations n’est pas nouveau : entre 2001 (fin de la conscription) et 2008 (soit avant la RGPP), leur part dans le budget de la Défense est passée de 592 millions à 1,695 milliard d’euros (+186%).

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