Les forces armées maliennes ont subi une déroute à Kidal

fama-20140522

Bien que bénéficiant d’une aide à la formation fournie par la mission de l’Union européenne EUTM Mali (qui a instruit 4 bataillons depuis avril 2013) et ayant reçu de nouveaux équipements, les Forces armées maliennes (FAMa) n’ont pas fait le poids face aux groupes armés de la rébellion touareg à Kidal.

Selon Mossa Ag Attaher, le porte-parole de l’un d’entre-eux, en l’occurrence le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), les FAMa ont perdu une quarantaine de soldats lors des combats qui ont eu lieu depuis le 17 mai et le déplacement à Kidal de Moussa Marra, le Premier ministre malien. En outre 50 autres auraient été blessés et 70 autres faits prisonniers.

En outre, le MNLA prétend également avoir mis la main sur 50 véhicules 4×4 « flambant neufs abandonnés par l’armée malienne, ainsi que 12 blindés et plusieurs tonnes de munitions et d’armes ».

Ce bilan n’a pas été confirmé à Bamako, qui, toutefois, a admis son échec militaire en expliquant que les soldats maliens ont été en proie à des « problèmes de coordination et de renseignement », lesquels les ont contraints à se replier.

Mais le résultat est là : Kidal est aux mains de groupes armés qui refusent l’autorité du gouvernement malien et les FAMa ont été incapables d’en reprendre le contrôle lors de l’opération « de sécurisation des biens et des personnes » qu’elles avaient planifiée pour le 21 mai. Par ailleurs, d’autres villes du Nord du Mali seraient aussi dans le même cas, comme Ménaka, Anderamboukane ou encore Anguelhoc. Le sort de Tessalit et d’Anefis reste encore incertain.

« Nous avons pris plusieurs villes d’où l’armée a fui, sans combats », a prétendu Moussa Ag Assarid, un responsable du MNLA. Les groupes armés ont « pris nettement le dessus sur les forces armées maliennes », a confirmé une source de la MINUSMA (Mission des Nations unies au Mali).

Les soldats maliens « avaient confiance en eux. Ils disaient qu’ils avaient tout l’armement possible pour chasser ces mouvements dans la ville » a confié un témoin à RFI. Mais après le lancement de leur offensive, « ils ont dit que ça n’allait pas, ils ont fait un repli tactique », a-t-il ajouté, en précisant qu’ils n’avaient « pas trop résisté ».

Outre le MNLA, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) ont également pris part aux combats contre l’armée malienne. Aux dires de Bamako, il y aurait également eu des combattants d’al-Qaïda au Magreb islamique (AQMI) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJA) ainsi que des « narcotrafiquants ».

Si cette affirmation n’a pas été, pour le moment, confirmée par les autorités françaises, il n’empêche que des témoignages recueillis par l’AFP ont évoqué la présence, lors des combats, de jihadistes, « reconnaissables à leur tenue vestimentaire » (pantalons coupés courts, au-dessus des chevilles).

Cela étant, le HCUA est formé par des dissidents du groupe jihadiste touareg Ansar Dine, lequel avait occupé le nord du Mali avec AQMI et le Mujao avant d’en être chassé par l’opération française Serval, lancée en janvier 2013.

Reste la situation dans le nord du Mali suscite des mouvements de protestation dans le reste du pays, où plusieurs organisations ont appelé à manifester contre la « passivité » des forces internationales, à savoir celles de l’opération française Serval et de la MINUSMA.

A ce propos, l’Etat-major des armées (EMA), à Paris, a précisé que, lors de la visite du Premier ministre malien à Kidal, les militaires français sont « néanmoins » intervenus « sur demande des autorités maliennes, pour assurer la sécurité » de Moussa Marra et celle de sa délégation alors que leur mission était uniquement de se tenir prêts pour répondre à « une éventuelle menace extérieure des groupes armés terroristes » (comprendre, les jihadistes).

Quoi qu’il en soit, Paris a appelé à l’arrêt des hostilités à Kidal et ses régions ainsi qu’à reprise urgente des négocations entre les deux parties. « Il est essentiel que les hostilités cessent et que des pourparlers inclusifs démarrent », a expliqué Romain Nadal, le porte-parole du Quai d’Orsay. « C’est aux Maliens qu’il appartient de mener à bien ce processus de dialogue pour parvenir à un accord de paix global et définitif, dans le respect de l’intégrité territoriale du pays », a-t-il ajouté, en précisant bien que « l’opération française Serval a pour vocation de lutter contre les groupes terroristes et non d’intervenir dans les affaires maliennes ».

L’ambassadeur de France auprès des Nations unies n’a pas dit autre chose. « Le [gouvernement] malien a pris ses responsabilités. Il n’a informé ni la Minusma ni Serval [de l’offensive de mercredi]. C’est une affaire malienne. C’est aux Maliens de résoudre les problèmes maliens qui ne datent pas d’hier ni même de 2012 », a-t-il dit.

Photo : Soldats maliens à l’instruction (c) EUTM Mali

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]