Mali : Brusque détérioration de la sécurité à Kidal

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La visite du Premier ministre malien, Moussa Mara, à Kidal, le 17 mai, a donné lieu à une poussée de violence dans ce fief de la rébellion touareg, incarnée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).

Dans un premier temps, des manifestants ont tenté d’empêcher la venue du chef du gouvernement malien en bloquant l’aéroport de la ville. Finalement, ce dernier a pu atterrir dans un camp militaire tenu par les casques bleus de la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA). Mais dans le même temps, des affrontements ont éclaté entre les forces armées malienne (FAMA) et les rebelles du MNLA.

Le bilan de ces combats est encore difficile à établir. Le ministre malien de la Défense,  Soumeylou Boubèye Maïga, a affirmé que les FAMA « ont enregistré huit morts et 25 blessés, tandis que 28 morts et 62 blessés ont été dénombrés du côté des agresseurs « . Et d’ajouter : « Nos forces ont repris le contrôle de tous les bâtiments administratifs à l’exception, pour le moment, du gouvernorat, où le MNLA et les terroristes détiennent une trentaine de fonctionnaires en otages ». Selon lui, les rebelles touareg auraient été « appuyés » par des « éléments des groupes terroristes non identifiés ».

De son côté, le MNLA a revendiqué « une dizaine de soldats maliens morts » et « 30 prisonniers dont deux blessés ».

La MINUSMA a quant à elle évoqué, sans donner plus de précisions sur les circonstances exactes,  « l’assassinat de deux civils et six officiels maliens à Kidal » et déploré « 2 blessés graves par balles et 21 blessés » dans les rangs de ses policiers. »Ce crime barbare est totalement inacceptable et les responsables devront répondre de leurs actes. Une enquête doit être menée rapidement afin de vérifier les faits et de traduire les responsables devant la justice », a ainsi déclaré son chef, Albert Koenders, cité dans un communiqué.

Un ex-commissaire politique d’Ansar Dine interpellé par les forces françaises

Selon RFI, Al-Housseini ag Ahayare, dit « Mortalla », ancien commissaire politique d’Ansar Dine, aurait été « cueilli » à son domicile le 11 mai dernier, à Kidal, par un commando héliporté français. Cet « hommes d’affaires » était resté dans cette ville après le départ des jihadistes. Membre du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad, il est soupçonné d’être un « facilitateur des activités terroristes » dans la région et d’avoir joué un rôle dans l’attentat commis en décembre 2013 contre la Banque malienne de solidarité.

A l’antenne de RFI, ce 19 mai, Moussa Mara s’est montré très ferme à l’égard des rebelles qui ont perturbé sa visite à Kidal.

« J’ai animé une réunion sous les feux nourris de ces groupes armés. Je ne dis pas ‘MNLA’, je dis ‘groupes armés’ comprenant MNLA, HCUA (ndlr, Haut conseil pour l’unicité de l’Azawad) et sans doute des jihadistes d’AQMI (ndlr, al-Qaïda au Maghreb islamique) », a-t-il affirmé. Pour lui, cette « attaque du gouvernorat est une déclaration de guerre parce qu’elle viole tous les protocoles qui ont pu être conclus avec ces groupes qui ont bien reconnu que Kidal est malienne en reconnaissant l’intégrité du territoire. Donc c’est une violation, c’est une déclaration de guerre qui va être traitée comme telle par la République du Mali », a-t-il lancé.

Se disant « surpris » par la « passivité » des casques bleus de la MINUSMA et des militaires français de l’opération Serval, M. Mara a confirmé l’envoi de renforts par les FAMA à Kidal. « Maintenant, il va falloir que nous traitions cela avec la dernière rigueur. C’est aussi simple que cela », a-t-il dit.

« Les terroristes ont déclaré la guerre au Mali, le Mali est donc en guerre contre ces terroristes. Nous allons mobiliser les moyens pour faire cette guerre », avait affirmé, plus tôt,  le Premier ministre malien lors d’un entretien téléphonique accordé à l’AFP. « Quand quelqu’un attaque la République, c’est un terroriste, quelles que soient son origine, son appartenance à un terroir. Nous allons donc mener une guerre sans merci à ces terroristes », avait-il insisté.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union africaine ont fait part de leur préoccupation au sujet de «  »la détérioration grave de la situation politico-sécuritaire » et condamné « les actes de violences à Kidal » tout en appelant les « les parties à faire preuve de la plus grande retenue ».

En avril 2013, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait plaidé pour le désarmement du MNLA. « Dans un pays démocratique, il ne peut pas y avoir deux armées », avait-il affirmé, lors d’un déplacement à Bamako. Plus d’un an plus tard, il n’en donc rien. Qui plus est, plusieurs affrontements entre les rebelles touareg et les FAMA se sont déjà produits avant ceux de ces derniers jours.

Libérée de l’emprise d’Ansar Dine, un groupe jihadiste touareg, en janvier 2013 par les forces françaises engagées dans l’opération Serval, Kidal a depuis été le théâtre de plusieurs attentats et d’accrochages. Des tensions ethniques sont toujours présentes, sur fond de rivalités tribales et de trafics de tous les genres.

Photo : Combattants du MNLA, vers la fin 2011

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