Cinq chefs d’Etat africains déclarent la guerre à Boko Haram

Depuis 2009, le groupe jihadiste Boko Haram multiplie les actions violentes dans le nord du Nigeria, principalement contre les populations chrétiennes. Mais pas seulement étant donné qu’il a été en mesure de commettre des attentats à Abuja et que, récemment, il a menacé de s’en prendre aux installations pétrolières, situées dans le sud.

En mai 2013, le président nigérian, Goodluck Jonathan, a décrété l’état d’urgence dans le nord de son pays afin de réduire ce groupe terroriste. Sans succès… Pire même, ce dernier a intensifié ses actions, en s’attaquant à des villages et à des écoles. Rien que depuis le début de cette année, il serait responsable de la mort d’au moins 1.500 personnes.

En outre, la crainte est de voir Boko Haram et son avatar, Ansaru, s’infiltrer dans les pays voisins, comme le Tchad, le Niger ou encore le Cameroun. Quelques signes allant dans ce sens (accrochages frontaliers, enlèvement de ressortissants étrangers, etc…) ne peuvent que renforcer cette inquiétude.

D’ailleurs, Boko Haram est fortement soupçonné d’être à l’origine d’une attaque d’un camp de travailleurs du secteur routier dans l’extrême-nord du Cameroun, pourtant sous la garde du BIR, le Bataillon d’intervention rapide qui passe pour être une unité d’élite de l’armée camerounaise. L’assaut, qui a été donné au cours de la nuit du 26 au 17 mai a fait un tué. Et 10 ressortissants chinois manquent à l’appel. Le mois dernier, dans la même région, 2 prêtres italiens et 1 religieuse canadienne très âgée ont été kidnapés.

La revendication, par Boko Haram, de l’enlèvement de plus de 200 lycéennes a provoqué une prise de conscience et donné lieu à une mobilisation internationale pour les retrouver (dommage qu’elle n’ait pas eu lieu avant… Comme on l’a vu, ce ne sont pas les signes qui ont manqué pour avertir de la dangerosité de ce groupe).

Et, à Paris, s’est tenu, ce 17 mai, un mini-sommet réunissant les chefs d’Etat africains concernés (Nigeria, Tchad, Niger, Cameroun, Bénin) et des représentants de la France, des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne afin de coordonner la lutte contre Boko Haram niveau régional.

« Boko Haram est devenu une menace majeure pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest et maintenant pour l’Afrique centrale », a affirmé, à cette occasion, le président Hollande, avant d’affirmer que « ses liens avec AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et d’autres organisations terroristes ont été établis ».

Le fait est. En avril 2012, des témoignages ont fait état de la présence d’une centaine de jihadistes nigérians à Gao, dans le nord du Mali. Quelques mois plus tôt, le général Carter Ham, alors commandant de l’US Africom, mettait en garde contre « alliance terroriste panafricaine », allant d’AQMI aux Shebabs somaliens et passant par Boko Haram, dont les tactiques et les modes opératoires semblaient porter la marque d’une influence de la branche maghrébine d’al-Qaïda.

Cela étant, pour le président français, « un plan global doit être mis en oeuvre visant à échanger les informations, à coordonner les actions, à contrôler les frontières et à agir de façon appropriée ». Et d’ajouter : « Boko Haram a une stratégie anti-civilisationnelle de déstabilisation du Nigeria mais aussi de destruction des principes fondamentaux de la dignité humaine ».

Concrètement, ce « plan d’action global régional à moyen et long terme » prévoit « la coordination du renseignement, l’échange d’informations, le pilotage central des moyens, la surveillance des frontières, une présence militaire autour du lac Tchad et une capacité d’intervention en cas de danger ». Et si l’on interprète bien la parole présidentielle, Paris aurait un rôle à jouer. « Il n’est pas besoin pour la France de déployer des unités militaires, elles sont présentes dans la région », a en effet déclaré le chef de l’Etat.

Le président tchadien, Idriss Déby Itno, s’est quant à lui dit déterminé à « faire face aux terroristes qui gangrènent la région ». Ils « ont déjà fait du mal dans la sous-région, les laisser continuer, c’est prendre le risque de laisser l’ensemble de la sous-région, de l’Afrique dans le désordre », a-t-il dit.

« Nous sommes décidés à mutualiser nos efforts, nos ressources (…) au plan régional et international », a affirmé, de son côté Thomas Boni Yayi,  le président du Bénin. « L’intolérance religieuse n’a plus sa place en Afrique », a-t-il insisté.

Peu avant l’ouverture du sommet, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, avait souligné la nécessité de « nous assurer qu’il y a une stratégie pour vaincre Boko Haram ». « Il est très important que le Nigeria prenne ses responsabilités plus sérieusement », avait-il poursuivi avant d’ajouter que Boko Haram « doit être vaincu par les pays de la région avec notre soutien ».

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