Selon le député Xavier Bertrand, le gouvernement s’apprêterait à torpiller la Loi de programmation militaire

Le 8 mai encore, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, assurait encore que le budget des forces armées était « sanctuarisé », ce qui est en partie vrai car il ne prendra toutefois pas en compte l’inflation jusqu’en 2016, ce qui explique, d’ailleurs, la nouvelle réduction de 23.500 postes au cours de l’exécution de la Loi de programmation militaire 2014-2019.

Sauf que, invité du Grand rendez-vous Europe1/i-Télé/Le Monde, le député UMP Xavier Bertrand, qui nourrit, dit-on quelques ambitions pour les échéances de 2017, a affirmé, ce 11 mai, et sans citer ses sources, que de nouvelles economies de « 1,5 à 2 milliards » d’euros sur le budget de la Défense seraient dans les tuyaux du gouvernement, lequel doit réduire ses dépenses de 18 milliard dans le cadre du plan de stabilité.

Ainsi, selon lui, « pour compenser les économies qui ne seront pas au rendez-vous, le président de la République et le gouvernement sont en train de préparer de nouvelles mesures qui sont pour l’instant secrètes. Elles concernent des coupes budgétaires importantes sur le budget de Défense nationale. Ce qui est en train de se préparer, c’est une remise en cause de notre principe de sécurité nationale »

« Ce qui est prévu, le monde de la Défense nationale le sait précisément, ce qui a été demandé, c’est de prévoir des coupes budgétaires de 1,5 à 2 milliards d’euros par an pendant trois ou quatre ans, de façon à pouvoir espérer atteindre les 50 milliards d’euros », a ainsi affirmé M. Bertrand. « Pour des calculs de comptables, on est en train de sacrifier notre défense. C’est une remise en cause sans pareille de notre sécurité et de notre défense », a-t-il insisté.

Toujours d’après l’ancien ministre du Travail, ces nouvelles coupes affecteraient « notre puissance navale (…) la dissuasion nucléaire (…) » et « également à notre puissance aérienne ». « Ce serait une folie sans pareille », a-t-il prévenu. En clair, le fameux scénario Z, jeté aux orties l’an passé, serait de nouveau d’actualité.

A plusieurs reprises (intervention télévisée du 29 mars 2013, voeux aux armées en janvier de cette année), le président Hollande a affirmé que le budget de la Défense serait préservé « parce que c’était une nécessité ». Alors, que penser de la sortie de Xavier Bertrand.

En attendant, selon Europe1, le ministère de la Défense n’y a pas opposé un démenti catégorique. Mieux : il a renvoyé la question à l’Elysée. Et à la présidence de la République, l’on a indiqué qu’il fallait voir avec l’Hôtel de Brienne. Bref, la patate chaude a fini par arriver dans les mains du Premier ministre, Manuel Valls, invité du JT de TF1. Ses déclarations sont-elles de nature à rassurer les militaires? Chacun jugera….

« Nos armées qui se battent courageusement sur différents terrains, je pense notamment au Mali et en Centrafrique, doivent être préservées. (…) Notre indépendance, notre armée doit être préservé », a ainsi estimé le chef du gouvernement, avant d’assurer qu’il « n’y a pas de plan caché ». Seulement, il y a la suite… « Tout le monde doit participer à la réduction des déficits », comme les autres ministères, a-t-il précisé. Et d’insister encore : « Chacun doit faire des efforts ». La musique de cet « élément de langage » a déjà entendue par le passé…

Des efforts? Le problème est qu’il faut être en mesure d’en faire à force de tirer sur la corde, elle finit toujours pas casser. Comme le rappelait récemment encore le général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées, « les gains de productivité ont des limites ».

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