Conditions de vie très précaires des soldats de Sangaris? « Il ne faut pas exagérer », dit M. Le Drian

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Depuis quelques semaines, plusieurs voix se font entendre pour dénoncer les conditions de vie très précaires des soldats français de l’opération Sangaris, lancée le 5 décembre dernier en République centrafricaine.

« Ils sont obligés de mettre des gilets pare-balles au niveau des portes du véhicules, sinon [les balles] les traversent. Il arrive que les camions ne fonctionnent pas ou qu’ils aient des pannes d’essence qui sont assez régulières quand ils veulent transporter quelqu’un ou intervenir sur un lieu », a ainsi affirmé, à l’antenne de RTL, « Carole », une mère de famille qui a eu deux fils engagés sur ce théâtre.

Fin avril, le sénateur Christian Cambon, de retour d’un déplacement à Bangui, a même posé une question écrite au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour l’interpeller sur les conditions de vie « très précaires » des militaires de Sangaris.

« Leurs repas sont rarement chauds et restent très frugaux. Ils ont peu d’espace disponible au camp et deux douches sont en fonctionnement pour tout le camp. Il n’y a pas de moustiquaires sauf pour l’hôpital alors que la saison des pluies favorise la prolifération des moustiques et le risque de paludisme. Le matériel médical est contingenté pour des soldats soumis aux piqûres d’insectes, aux infections et à des désordres intestinaux », a constaté le parlementaire, lors de sa visite en Centrafrique.

Cette question des conditions de vie des soldats de Sangaris a été abordée par Jean-Jacques Bourdin, qui a reçu, ce 8 mai, M. Le Drian. « D’abord, c’est une opération de guerre dans un pays extrêmement démuni, où il n’y a quasiment ni eau, ni électricité », a souligné le ministre, qui a ensuite rappelé la mission de la force Sangaris et salué le « sang-froid », la « lucidité » et le « travail remarquable » des militaires français.

Relancé sur les conditions de vie de ces derniers, M. Le Drian a admis qu’elles sont « très rustiques » mais que, toutefois, « il ne faut pas exagérer ». Interpellé par sur les 56 cas de paludisme qui aurait été diagnostiqués, le ministre a répondu : « il y a des risques ». Et de répéter : « Nous sommes dans une situation de guerre dans un pays extrêmement démuni où il n’y a pas d’eau et d’électricité ».

« Il a fallu que, pour la force Sangaris, on se dote de tous ces moyens-là, de groupes électrogènes, de dispositifs de sécurité et d’hygiène », a poursuivi le ministre. « Je considère qu’il faut améliorer leur situation, le mieux possible », a-t-il ajouté, avant de préciser qu’il comptait se rendre à Bangui dans « quelques jours ». « J’y vais une fois par mois pour me rendre compte », a-t-il dit. « Je vais tout vérifier. Quand je vais dans une unité, je regarde tout dans le détail », a-t-il encore affirmé.

Cela étant, M. Le Drian a dit « comprendre » que les militaires français engagés en Centrafrique « soient dans une situation difficile car c’est la saison des pluies et il fait très chaud ». « Ajourd’hui, a-t-il ajouté, 80% des tentes sont climatisées, il faut le savoir » et « la quasi totalité du matériel est blindé, il y a des hélicoptères ».

« Enfin, a conclu le ministre sur ce sujet, c’est une armée qui fait son boulot mais qui a une responsabilité extrêmement grande et qui nécessite de la part des soldats un sang froid considérable et je voudrais le saluer ».

Par ailleurs, M. Le Drian a précisé que « 2.000 soldats français resteront déployés (en Centrafrique) jusqu’à l’automne », c’est à dire jusqu’à l’arrivée des casques bleus de la MINUSCA (Mission des Nations unies en République centrafricaine ». Selon lui, il est nécessaire « de ne pas laisser s’installer » dans ce pays un « vide sécuritaire dont pourrait profiter Boko Haram (le groupe jihadiste nigerian, ndlr) et qui serait susceptible de constituer, à terme, « une menace contre notre propre sécurité ».

Photo : (c) ECPAD

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