Les forces britanniques n’ont pas le droit de retenir un combattant taleb pendant plus de 96 heures

Heureusement que l’engagement de l’Otan en Afghanistan se termine. Du moins pour les forces britanniques… En effet, un jugement rendu le 2 mai par la Haute Cour de justice de Londres va leur rendre la tâche plus compliquée dans la mesure où il leur interdit désormais de retenir prisonnier un combattant taleb pendant plus de 96 heures. Au-délà, cela constituerait une violation des droits de l’homme.

Dans un arrêt de 117 pages, le juge Leggatt a estimé que le Convention européenne des droits de l’homme et l’Human Rights Act d’outre-Manche  s’appliquent partout où les forces britanniques sont déployées.

Le juge avait à statuer sur le cas de Serdar Mohammed, un chef taleb retenu prisonnier pendant 106 jours par les troupes britanniques présentes dans la province du Helmand. Ce dernier, capturé en 2010, a prétendu avoir été interpellé par des soldats descendus d’un hélicoptère alors qu’il travaillait en famille dans un champ. Il a aussi affirmé avoir eu les « yeux bandés » et eté mordu par un chien militaire.

La version donnée par les militaires britanniques est toute autre. En fait, Serdar Mohammed aurait été arrêté alors qu’il avait pris la fuite à l’issue d’un accrochage. Un chien fut bien lancé à ses trousses pour le maîtriser. Et des armes avaient été retrouvées à proximité du lieu de sa capture.

Interrogé ensuite pendant un mois, il était resté prisonnier des Britanniques pendant quelques temps, étant donné que les autorités afghanes n’avaient pas encore de place de prison pour l’incarcérer. Ce qui sera toutefois fait le 25 juillet 2010.

« Le gouvernement britannique n’avait pas de fondement juridique pour détenir Serdar Mohammed plus de 96 heures », a donc estimé le juge Leggatt, dont la décision permettra au taleb présumé d’être indemnisé au regard du « préjudice » subi.

En clair, et alors qu’en 2009 des tribunaux britanniques s’apprêtaient à interdire le transfert de prisonniers taliban aux autorités afghanes en raison des risques de torture, comme le rappelle le Daily Mail, cela signifie qu’il y aura une obligation de remettre dans la nature des insurgés capturés pour qu’ils puissent reprendre les armes. Un comble…

« Nous ne pouvons pas envoyer nos forces armées dans la bataille avec les deux mains attachées derrière le dos », a réagi, à l’énoncé de ce verdict, Philip Hammond, le ministre britannique de la Défense, qui a par ailleurs fait part de son intention de faire appel.

« Nos troupes doivent être en mesure de détenir nos ennemis qui ne pensent qu’à blesser et à tuer les soldats du Royaume-Uni et des civils innocents. L’on ne peut pas appliquer la la Convention européenne des droits de l’homme sur le champ de bataille, cela limite la capacité de nos troupes à combattre », a encore ajouté M. Hammond. « Nous ne permettrons pas que notre efficacité au combat soit restreinte par ce jugement », a-t-il encore averti.

« Notre liberté d’exploiter des le renseignements obtenus auprès des détenus est essentielle à notre capacité à protéger la vie de civils innocents et nos propres forces », a, de son côté, fait valoir le général Sir Nicholas Houghton, le chef d’état-major des armées britanniques.

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