L’Inde peaufine sa défense antimissile

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L’Organisation de la recherche et du développement pour la défense (DRDO), l’équivalent indien de la DGA française, a procédé à un nouveau tir expérimental d’un missile capable d’intercepter un engin balistique à haute altitude, le 27 avril, depuis l’île de Wheeler, au large de la côte de l’Etat de l’Odisha (ex-Orissa).

Le missile à intercepter a été tiré par un navire. Spécialement conçu pour cet essai et doté de deux étages, il devait simuler un engin hostile d’une portée de 2.000 km.

« Cela entre dans le cadre du système de défense que nous développons (…) La mission est accomplie et les paramètres d’interception ont été atteints », a commenté Ravi Kumar Gupta, le porte-parole de la DRDO.

Seulement, d’après la presse indienne, les objectifs de cet essai de l’antimissile Prithvi Air Defense (PAD) n’auraient été que partiellement atteints. Mais Avinash Chander, un conseiller scientifique du ministère de la Défense, a expliqué que « l’objectif principal de cet essai était de suivre le missile cible ». Et de préciser : « Nous voulions vérifier les performances de l’autodirecteur infrarouge (IR). L’ogive dans le missile intercepteur n’avait pas été conçue pour exploser dans cette mission ».

Le programme de défense antimissile indien repose sur deux couches. La première fait donc appel à un intercepteur basé sur le Prithvi pour contrer un missile balistique évoluant à haute altitude, grâce au radar Swordfish, inspiré du Green Pine israélien, également utilisé par le système Arrow. La seconde, appelée Advanced Air Defense (AAD), a un plafond d’interception de l’ordre de 15-30 km.

La nécessité de mettre en place une défense antimissile s’explique avant tout par la menace chinoise. Pour les généraux indiens, New Delhi doit en effet se préparer à une guerre sur deux fronts, à savoir la Chine et le Pakistan, qui, doté de capacités balistiques et nucléaires, demeure un pays instable.

« Toutefois, face au Pakistan, il semble que les stratèges indiens privilégient une stratégie de la dissuasion jugée efficace et qui pourrait selon eux se voir remise en cause par la mise en place d’une capacité de défense antimissile. La problématique est différente face à la Chine qui conserve une large supériorité en matière de capacité nucléaire et stratégique. Selon les termes du ministère indien de la Défense : les principales cités indiennes sont sous la menace d’une frappe chinoise. Cette asymétrie renforce potentiellement les capacités d’action de la RPC et pèse sur la marge de manœuvre de New Delhi. Dans ce contexte le développement d’une capacité de défense antimissile en Inde peut contribuer à la stabilité stratégique au niveau régional », soulignait une étude (*) de la Fondation pour la recheche statégique, publiée en janvier 2011.

Aussi, le bouclier antimissile indien doit assurer une meilleure protection des forces stratégiques indiennes afin de préserver leur capacité de frapper en second (conformément à la doctrine nucléaire du pays) ainsi que des centres de décision.

(*) Défense antimissile au Japon, en Corée du Sud et en Inde

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