Etats-Unis : Les contrats de lancement de satellites militaires contestés en justice

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Il y a quelques jours, la société privée américaine SpaceX a fait parler d’elle avec la réussite de l’arrimage d’une capsule non habitée Dragon à la Station spatiale internationale (SSI). Le but de cette opération était de livrer du matériel et des provisions aux 6 spationautes travaillant à bord de ce système orbital.

Au total, SpaceX, qui a été la première entreprise privée à amarrer une capsule à l’ISS en 2012, doit effectuer 12 livraisons de fret, conformément au contrat de 1,6 milliards de dollars qui lui a été notifié par la Nasa dans le cadre du programme COTS (Commercial Orbital Transportation Services),

La société créée par Elon Musk (ex-patron et fondateur de Paypal), a développé les lanceurs Falcon 1 et Falcon 9, censés être réutilisables à terme, l’objectif étant de réduire les coûts de mise en orbite.

Justement, le Pentagone, via le programme Evolved Expendable Launch Vehicle (EELV), cherche exactement la même chose pour le lancement de ses satellites. Seulement, les habitudes ont la vie dure. En 1997, l’US Air Force confia des contrats à Boeing et à Lockheed-Martin, l’idée étant qu’il ne fallait pas mettre ses oeufs dans le même panier.

Depuis, les deux industriels ont créé, en 2006, une co-entreprise, United Launch Alliance (ULA), qui exploite les lanceurs désormais éprouvés Atlas V ainsi que les Delta II et IV. Au passage, Boeing avait été accusé, trois ans plus tôt, d’espionnage industriel en se procurant des documents de Lockheed-Martin.

En décembre 2012, un nouvel appel d’offres pour le programme EELV a été lancé par l’US Air Force. Et les contrats, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars, ont été attribués à ULA aux dépens de SpaceX. D’où la procédure judiciaire que son Pdg entend mener.

« SpaceX a décidé d’entamer une action en justice et de protester contre les attributions en bloc de ces contrats dans le cadre du programme EELV (Evolved Expendable Launch Vehicle) de l’US Air Force », a ainsi déclaré Elon Musk, lors d’une conférence de presse donnée le 25 avril à Washington.

Car pour lui, le processus de sélection « revient à empêcher des sociétés comme SpaceX d’être en lice pour l’octroi de lancements de satellites destinés à la sécurité nationale ». Et cela « n’est pas normal », a-t-il insisté.

« Cette action n’est pas une contestation de SpaceX disant que ces lancements devraient lui revenir, mais seulement une demande pour qu’ils soient soumis à la concurrence », a fait valoir M. Musk, dont la société s’est pourtant soumise aux exigences de l’US Air Force et a ainsi obtenu sa certification pour prétendre participer à l’appel d’offres après trois lancement d’affilée réussis.

« Si nos fusées sont assez bonnes pour la Nasa qui ravitaille la Station spatiale internationale, pourquoi ne seraient-elles pas acceptables pour l’US Air Force? », a-t-il demandé.

Qui plus est, si l’on en croit Elon Musk, une mise en orbite par SpaceX serait 4 fois moins coûteuse qu’une autre effectuée par ULA. « Les contribuables américains payent inutilement des centaines de millions de dollars en plus pour ces lancements », a-t-il déploré. Ce que semble confirmer des sénateurs démocrates.

Lors d’une audition publique, le mois dernier, ils ont exprimé leur préoccupation au sujet du manque de transparence et aux coûts des contrats attribués à ULA. « Nous avons certaines inquiétudes quant à la stratégie d’octroi de ces contrats, leurs coûts et l’avenir de ce programme », déclarait ainsi Dick Durbin, le président démocrate de la sous-commission des attributions budgétaires du Sénat. « Le montant requis par l’US Air Force pour six lancements de satellites par an en moyenne a augmenté de 60% de 2011 à 2014 », avait-il ajouté.

A ce sujet, Elon Musk s’est montré optimisme quant à la capacité de SpaceX à réussir à réutiliser de « façon routinière » le lanceur Falcon 9. Le premier étage de celui utilisé pour ravitailler l’ISS s’est en effet posé en douceur dans l’océan. Cette capacité permettrait de « réduire fortement le coût des lancements jusqu’à cent fois », a-t-il fait valoir.

Mais si cet argument ne suffit pas (encore que…), le patron de SpaceX en a sorti un autre qui pourrait faire mouche, en ces temps où les relations avec la Russie deviennent compliquée, crise ukrainienne oblige. « L’un des deux lanceurs utilisés par ULA est équipé de moteurs de fabrication russe, ce qui crée une dépendance dangereuse », a-t-il souligné.

Effectivement, l’Atlas V, qui a connu un échec depuis son premier lancement en 2002, utilise des moteurs RD-180 fournis par RD Amross, une co-entreprise créée par Pratt & Whitney Rocketdyne et le russe NPO Energomash.

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