La force Sangaris mise en cause à Grimari

Depuis une semaine, la localité de Grimari, située à 250 km au nord-est de Bangui, est le théâtre d’affrontements entre miliciens « anti-balaka », armés de vieux fusils et de machettes, et de combattants de l’ex-Séléka, la coalition à dominante musulmane qui prit le pouvoir en Centrafrique en mars 2013.

Les combats ont contraint un plus de 4.600 chrétiens à trouver refuge dans la paroisse Notre-Dame de la Liesse. Selon un bilan avancé par l’AFP il y a quelques jours, une trentaine de civils auraient été tués par les combattants de l’ex-Séléka, dotés de lance-roquettes et de fusils d’assaut.

Bien évidemment, la force Sangaris a tenté de s’interposer entre les bélligérants, conformément à la mission qui lui a été fixée le 5 décembre dernier. Seulement, les militaires français sont accusés d’avoir commis une « bavure » après avoir tué 5 individus appartenant à la communauté chrétienne.

« On pensait que Sangaris était venue nous aider, mais ils assassinent nos enfants », a ainsi accusé une vieille femme, dont le témoignage a été rapporté par l’AFP. « Ce matin, les Sangaris ont tué cinq civils, qui étaient partis chercher leurs affaires dans leurs maisons. Ils ont pris peur quand les Sangaris sont arrivés, mais ils les ont quand même tués. Sangaris Séléka! », a dénoncé, selon la même source, Fabrice Kossingou, un instituteur.

D’après le correspondant de l’agence de presse, 3 cadavres étaient affublés de « gris-gris » que portent généralement les miliciens anti-balaka. Au sujet de ces derniers, Maxime Gbolo-Kouzou, le chef du quartier, qui leur est apparemment favorable, a affirmé qu’ils « cherchent les Séléka pour en découdre avec eux ». « Les Séléka font peur à la population depuis décembre 2012 », a-t-il fait valoir.

Pour les militaires français sur place, il ne s’agit aucunement d’une « bavure ». Selon la version donnée par un capitaine, « la force a fait une riposte à des tirs effectués par des anti-balaka ». Et de préciser : « Si une personne a une arme et qu’elle nous tire dessus, la riposte est immédiate. C’est de la légitime défense ».

« Ce n’est aucunement une bavure. Les armes (des anti-balaka) sont là. Il y en a pléthore », a encore assuré l’officier français.

Plus : à lire, « Armée bout de ficelle« , un reportage de France Infos sur les conditions de vie et de travail des militaires français de l’opération Sangaris. « Nos garçons racontent qu’ils doivent frapper très fort le démarreur  avec une barre de fer pour essayer de faire repartir ces VAB, (véhicules de l’avant blindé). Quelquefois, cela fonctionne. Quelquefois pas. Et il faut espérer qu’à ce moment-là, ils ne soient pas pris pour cible par des insurgés. On sait que les mécanos commandent souvent des pièces qui n’arrivent jamais.  Car ce sont des modèles de pièces épuisés ou parce que tout simplement, il n’y a pas l’argent. Mes fils me disent parfois qu’ils ont le sentiment qu’un jour on finira par leur demander d’aller au front avec un bâton », raconte une mère de soldats déployés en RCA. Ambiance…

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