Ukraine : Pour Moscou, la France « se livre à des accusations gratuites » à son égard

Cela commence par des manifestations, puis par la prise de contrôle de bâtiments officiels, l’apparition de mystérieux hommes armés en tenue de camouflage, quelques troubles ponctuels et la demande d’un référendum local d’autodétermination. Ce scénario a été appliqué à la Crimée. Et il y a tout lieu de penser qu’il le soit également dans l’est et le sud de l’Ukraine, dont le gouvernement de transition n’est pas reconnu par Moscou.

Pour le ministre français des Affaires étrangères, il ne fait aucun doute que la Russie est à la manoeuvre. Il l’a affirmé via son compte Twitter et répété, plus longuement, lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le 15 avril (voir vidéo).

Déjà que la coopération militaire entre Paris et Moscou a été en grande partie suspendue et que le sort des deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral commandés par la marine russe est encore incertain, ces propos ont été fraîchement accueillis par Sergueï Lavrov, l’homologue russe de M. Fabius.

« La France se livre à des accusations gratuites à l’égard de Moscou dans la crise ukrainienne », a ainsi réagi M. Lavrov.

« Au lieu de se livrer à des accusations gratuites à l’encontre de la Russie, qui serait prétendument la source de tous les malheurs de l’Ukraine, la diplomatie française que dirige M. Fabius ferait mieux de concentrer ses efforts sur le respect des engagements que la France a pris en se faisant le garant des accords du 21 février, qui devaient assurer une issue politique en Ukraine », a affirmé la ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le texte fait référence à l’accord de sortie de crise négocié par M. Fabius et ses homologues allemand et polonais à Kiev le 21 février dernier. Il n’a jamais pu être appliqué étant donné que le président pro-russe Viktor Ianoukovitch a été destitué par le Parlement ukranien le lendemain.

La diplomatie russe a également fait part de « sa profonde perplexité à l’égard des déclarations de M. Fabius dans lesquelles il fait porter toute la responsabilité de la montée des tensions en Ukraine exclusivement sur la Russie ».

« Le ministre n’a pas dit un mot de l’ordre criminel donné par Olexandre Tourtchinov (ndlr, le président ukrainien par intérim) d’écraser par la force la contestation des habitants du sud-est de l’Ukraine » et « nos partenaires français ne veulent pas davantage reconnaître qu’à l’évidence ce sont des antisémites, des radicaux et des neofascistes qui mènent le bal aujourd’hui à Kiev ».

L’affirmation selon laquelle l’opposition à l’ex-président pro-russe Viktor Ianoukovitch serait de nature néofasciste est très exagérée (même si le mouvement Maïdan a été infiltré par des groupuscules de cette mouvance). La Russie, d’ailleurs, connaît également ce phénomène, avec, entre autre, le Parti national bolchévique de l’écrivain Edouard Limonov, dont l’emblème est très évocateur…

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