Ukraine : L’Otan, l’UE et les Etats-Unis haussent le ton face à la Russie

Depuis plus d’une semaine, plusieurs bâtiments officiels situés dans l’est de l’Ukraine sont occupés par des militants pro-russes. Et, malgré les mises en garde du gouvernement intérimaire ukrainien, qui a qualifié ces activistes de « terroristes », des inconnus armés en tenue camouflage ont pris le contrôle, le 12 avril, d’un commissariat de la ville de Slaviansk, situé près de la frontière avec la Russie, où 40.000 soldats russes seraient actuellement déployés.

Mais selon Arseni Avakov, le ministre ukrainien de l’Intérieur, ce fait ne serait pas isolé puisqu’il a fait état d’une « série d’attaques visiblemement coordonnées » contre des « bâtiments publics » dans l’est du pays.

Ce scénario rappelle celui appliqué à la Crimée, où des hommes armés, en treillis mais ne portant aucun insigne, s’emparèrent de plusieurs sites stratégiques de l’ancienne république autonome ukrainienne, passée depuis dans le giron de la Russie.

Quoi qu’il en soit, Kiev a décidé, le 13 avril, de lancer une « opération antiterroriste » à Slaviansk, laquelle aurait fait « des morts et des blessés des deux côtés », selon M. Avakov, dont un officier du SBU (service de sécurité ukrainien). Le ministre a également affirmé que les séparatistes se « cachaient derrière les populations civiles utilisées comme boucliers humains ».

De son côté, le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a fait une offre d’amnistie aux séparatistes s’ils évacuaient les bâtiments occupés en déposant leurs armes valable jusqu’au 14 avril, à 6.00 GMT.

Se défendant d’avoir la moindre visée sur l’est de l’Ukraine, la Russie a appelé Kiev à « cesser la guerre contre son propre peuple » et demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. Cette dernière n’a rien donné. Et pour cause…

Chef de la politique extérieure de l’Union européenne, Catherine Asthon s’est dit « sérieusement préoccupée par les actions entreprises par des hommes armés et des groupes séparatistes dans diverses villes dans l’Est de l’Ukraine » et a appelé la Russie à « respecter l’intégrité territoriale du pays » et à « retirer ses troupes massées près de la frontière et à cesser toute opération visant à déstabiliser l’Ukraine » tout en invitant Kiev à faire preuve de retenue dans les opérations lancées pour rétablir son autorité.

Même chose pour Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan. « Je suis extrêmement préoccupé par la nouvelle escalade des tensions dans l’est de l’Ukraine », a-t-il affirmé, dans un communiqué, en estimant que les évènements actuels font partie d’une « campagne concertée d’actes de violence destinés à déstabiliser l’État souverain d’Ukraine ».

« La réapparition d’hommes équipés d’armes spéciales russes et d’uniformes sans insignes, identiques à ceux portés par les troupes russes lors de la prise illégale et illégitime de la Crimée, est gravement préoccupante », a encore ajouté M. Rasmussen, qui demandé à Moscou de « d’engager une désescalade de la crise et de retirer des abords de la frontière ukrainienne son important contingent, composé notamment de forces spéciales ».

Pour les Etats-Unis, la main de le Russie dans les troubles séparatistes dans l’est de l’Ukraine est évidente. « Cela a tous les signes de ce que nous avons vu en Crimée, c’est professionnel, c’est coordonné. Rien de local là-dedans. Dans chacune des six ou sept villes où elles sont actives, ces forces font exactement la même chose. Donc sans aucun doute, cela porte les signes d’une implication de Moscou », a ainsi affirmé Samantha Powers, Mme l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’ONU.

Bien évidemment, les autorités russes n’ont pas manqué de réagir face à ces accusations. « La Russie considère que l’hypocrisie dépasse les bornes dans la réaction des Occidentaux aux événements en Ukraine », a ainsi affirmé, ce 14 avril, Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.

« Nous demandons depuis longtemps aux Occidentaux une réaction adéquate aux événements en Ukraine », a-t-il poursuivi. « Nous avons clairement dit que le recours à la force contre les manifestants remettrait sérieusement en question les perspectives de coopération dans le règlement de la crise ukrainienne », a-t-il ajouté, laissant ainsi planer le doute sur une participation de la Russie à une réunion avec les Etats-Unis et l’UE prévue le 17 avril.

« Nous n’entendons aucune réaction. Nous n’entendons que des appels à la Russie pour qu’elle cesse de s’ingérer », a encore dénoncé M. Lavrov, qui s’en est pris au gouvernement pro-occidental ukrainien. « On peut se souvenir que la violence sur le Maïdan qui s’est soldée par des dizaines et des dizaines de morts, était qualifiée de démocratie, alors qu’on parle de terrorisme à propos des manifestations pacifiques qui ont lieu maintenant dans le sud-est », a-t-il fait valoir. Manifestations pacifiques, vraiment?

Le chef de la diplomatie russe a eu également quelques mot à l’égard des Etats-Unis. « Nous voulons notamment comprendre ce que signifient les informations sur une visite urgente à Kiev du directeur de la CIA, Monsieur Brennan », a-t-il déclaré. « On ne nous a pour l’instant pas fourni d’explications convaincantes », a-t-il affirmé.

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