Le chef de l’armée suisse fait des réserves

Chef de l’armée suisse, le général André Blattmann avait fait parler de lui il y a 4 ans en présentant une carte « secrète » des menaces potentielles visant la Confédération lors d’une audition devant la Commission de la politique de sécurité (CPS) et sur laquelle figuraient la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce.

A l’époque, l’officier avait expliqué que ces pays risquaient de créer « des situations que nous ne pouvons même pas imaginer aujourd’hui », à cause de leur situation économique, potentiellement porteuse de troubles sociaux. L’évaluation du général Blattmann ne fut pas très bien accueilli par l’ensemble des formations politiques suisses, les plus indulgents ayant estimé qu’il fit preuve « d’une étonnante maladresse » quand les plus sévères l’accusèrent de rappeler « les années 1920 et 1930 » et la « Guerre froide ».

Quoi qu’il en soit, le général Blattmann ne changea pas d’avis, malgré les critiques. En 2012 et en 2013, l’armée suisse mené deux exercices militaires sur ce thème. Le premier, Stabilo Due, avait pour objet des « troubles, des attentats et des actes de violence » causés par « l’instabilité d’une partie de l’Europe ». Le second, plus polémique, appelé Duplex-Barbara, reposait sur une possible attaque de « Saônia », un territoire issu de l’éclatement de la France, provoqué par une déroute financière.

Dans un entretien accordé au Schweiz am Sonntag, le général Blattmann s’est dit « sensible aux nouvelles menaces depuis deux ou trois ans ». Mais une possible désintégration de la France n’est pas la seule qu’il a désormais en tête, l’affaire de la Crimée étant passée par là. Et puis il y a surtout les risques de cyberattaque. Aussi a-t-il indiqué qu’il s’était constitué des réserves personnelles en cas de coup dur, en affirmant avoir stocké, chez lui, de l’eau minérale, des conserves et du bois de chauffage.

« Toute panne de courant majeure, par exemple, peut conduire à une opération de l’armée », a expliqué le général Blattmann, notamment pour empêcher les pillages éventuels. « Notre société est devenue très vulnérable, et nous ne sommes – je ne parle pas de l’armée – pas vraiment préparés à ces nouveaux risques », a-t-il ajouté.

« Combien de litres d’eau avez-vous à la maison? » a-t-il ensuite demandé. « Une personne a besoin d’au minimum huit litres d’eau par jour pour boire, cuire et se laver. Imaginez ce dont a besoin une famille pour tenir quelques jours », a-t-il poursuivi. A la question de savoir s’il s’était constitué des stocks, le général Blattmann a répondu qu’il avait accumulé 30 à 40 packs d’eau minérale (mais pas gazéifiée), du bois de chauffage, des boîtes de conserve ains que des produits de première urgence. « Cela permet de tenir quelques jours jusqu’à ce que le courant soit rétabli », a-t-il expliqué.

« Peut-être n’est-il pas inutile de dire aux gens qu’il est bon d’avoir quelques réserves pour un cas d’urgence à la maison », a encore affirmé le général Blattmann. Le portail de l’administration suisse donne d’ailleurs des recommandations en la matière. L’on n’est en effet jamais trop prévoyant. Comme le dit la fable, « la Cigale, ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue… »

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