Grand soldat, le colonel Claude Mademba Sy s’est éteint

sy-20140409Dernière grande figure des tirailleurs sénégalais, le colonel Claude Mademba Sy s’est éteint le 8 avril à l’âge de 90 ans. Il était grand officier de la Légion d’honneur et titulaire de la Croix de guerre 39-45 avec huit citations, dont trois à l’ordre de l’Armée.

Né le 11 décembre 1923 à Versailles, Claude Mademba Sy a suivi les traces de son père, premier chef de bataillon noir de l’armée française, promu à ce grade après la prise du fort de Douaumont, près de Verdun, en octobre 1917, ainsi que de son grand-père, nommé officier « indigène » par le maréchal Joseph Gallieni quand ce dernier était gouverneur général du Soudan français (Sénégal et Mali) entre 1886 et 1891. Et trois de ses oncles perdirent la vie pendant la Première Guerre Mondiale.

Jusqu’à l’âge de 8 ans, Claude Mademba Sy ne verra pas beaucoup la France, son père ayant successivement été affecté à Magascadar, au Mali et au Sénégal. Ce dernier meurt d’une pneumonie en 1932. Le jeune garçon devient alors pupille de la Nation.

En 1943, alors étudiant en droit vivant auprès de sa mère à Tunis, il s’engage auprès le Régiment de Marche du Tchad (RMT), qui, anciennement appelé « Régiment de Tirailleurs Sénégalais du Tchad », fait partie de la 2e Division Blindée (DB) du futur maréchal Leclerc. Il prend ainsi part à la campagne de Normandie, à la libération de Paris, avec son char « Pantagruel » et de Strasbourg ainsi qu’à la prise de Berchtesgaden, près de Munich, où Hitler avait fait construire son « nid d’aigle ».

La Seconde Guerre Mondiale terminée, Claude Mademba Sy reste dans l’armée : il est en effet admis à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr. A l’issue de sa scolarité, le jeune officier part en Indochine, où il sera blessé, puis en Algérie, où il sert avec le grade de capitaine au 6e Régiment de Parachutistes Coloniaux (RPC). Là, il participera à la traque d’Aït Hamouda Amirouche, un important chef de guerre du FLN.

En 1960, il est l’un des plus jeunes chefs de bataillon de l’armée française, avant d’être nommé commandant du 9e Bataillon d’Infanterie de Marine (BIMa). Lors de l’indépendance du Sénégal, le président Senghor le charge de former l’armée du pays et il obtient les galons de colonel.
Plus tard, il sera nommé ambassadeur du Sénégal dans plusieurs pays ainsi qu’aux Nations unies. L’heure de la retraite venue, il se retire à Briatexte, dans le sud-ouest de la France.

Dès lors, il consacre une partie de son énergie à dénoncer la « cristallisation » des pensions versées aux anciens combattants venus des ex-colonies françaises. Le principe était que les sommes accordées devaient être proportionnelles au pouvoir d’achat des pays devenus nouvellement devenus indépendants.

« Quand on est amoureux de ce pays qu’est la France, on ne comprend pas cette bassesse, cette bêtise, cette ignominie. Quand je pense que la retraite du combattant est de 433 euros par an et que l’on mégote alors qu’il ne reste plus que quelque 800 anciens combattants au Sénégal et près de 2000 au Mali! Quand on m’a appris à donner l’assaut, on m’a dit: ‘Tu sors de la tranchée, tu baisses la tête et tu cries En avant pour la France!' », avait-il confié, en 2007, à Olivier Herviaux, journaliste du quotidien Le Monde.

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