Pour M. Le Drian, le sud-ouest de la Libye est un « nid de vipères »

Le 19 mars dernier, les nouvelles autorités libyennes ont appelé la communauté internationale, et plus particulièrement les Nations unies, à leur venir « fournir l’appui nécessaire pour éradiquer le terrorisme dans les villes libyennes ».

Depuis la chute du régime du colonel Kadhafi, en effet, les groupes armés extrémistes, formés pour certains à partir d’anciennes « milices révolutionnaires », se multiplient, notamment dans la région de la Cyrénaïque, dans l’est du pays. Il ne se passe pas une semaine sans que des intérêts occidentaux soient visés ou que des membres des forces de l’ordre soient attaqués.

Jusqu’alors, Tripoli, par crainte de représailles, hésitait à accuser directement ces milices islamistes. Un pas que le gouvernement libyen a donc franchi en affirmant, dans une communiqué, qu’il « n’y aura pas de place pour le terrorisme en Libye » et que « les Libyens doivent se tenir prêts à ce qu’impose une telle bataille en terme de prudence, d’éveil et de sacrifices ».

D’après Tripoli, les villes de Benghazi, Derna (est) et Syrte (centre) et d’autres font face « à une guerre terroriste menée par des éléments libyens et étrangers ». Mais la situation dans le sud-ouest du pays est tout aussi préoccupante.

Au début de cette année, l’ancien chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Guillaud, avait même évoqué une possible opération militaire internationale « avec l’accord des autorités libyennes », pour empêcher la formation d’un « trou noir » susceptible de devenir le nouveau centre de gravité du terrorisme ».

Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a fait part de sa préoccupation de plus en plus importante au sujet du sud-libyen. « C’est un nid de vipères », a-t-il lancé. « C’est le lieu où les jihadistes reviennent s’approvisionner en armes, recruter, se ressources… Il y a danger! », a-t-il prévenu.

Et le problème, comme il l’a souligné, est que « les conditions ne sont pas réunies ajourd’hui pour trouver des solutions ». La seule qui peut être envisagée, du moins pour l’instant, « est une collaboration forte avec les Etats voisins pour assurer la sécurité des frontières ». Car, a estimé M. Le Drian, « il n’y a pas d’Etat en Libye ».

Cependant, même s’il n’y a « pas d’Etat », la Libye demeure un pays souverain. « Ce qu’il faut faire, a poursuivi le ministre, c’est aider les Libyens à sécuriser leurs propres frontières ». Or, pour cela, « il faut avoir des forces de l’ordre, une douane, une gendarmerie », a-t-il expliqué. Or, « nous sommes prêts à former de spoliciers, mais il n’y a pas de volontaires », a-t-il affirmé.

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