Le Tchad décide de retirer ses troupes de Centrafrique

Lors du 4e Sommet Union européenne-Afrique, le 2 avril, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a réclamé des renforts « immédiats » pour appuyer la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), déployée à Bangui par l’Union africaine, ainsi que l’opération française Sangaris.

Et cela, alors que l’UE venait de lancer officiellement, après des sermaines de tergiversations, la mission EUFOR RCA-Bangui, forte de 800 hommes (dont 650 sur le terrain). Mais cette dernière ne sera pas opérationnelle dans l’immédiat : il faudra attendre encore le mois de mai pour que ce soit effectivement le cas.

En attendant, il faudra avec les 2.000 militaires français de Sangaris et les 6.000 soldats africains de la Misca. Enfin, pas tout à fait… Car le Tchad a annoncé, ce 3 avril, sa décision de retirer de Centrafrique son contingent de 800 hommes, ce qui privera, à terme, la force panafricaine d’environ 14% de ses effectifs.

« Face à des accusations répétées contre le comportement des soldats tchadiens de la Misca, dont ils constituent une des principales composantes, le Tchad, après avoir informé la présidente de la transition centrafricaine, la présidente de la Commission de l’Union africaine et le secrétaire général des Nations unies, décide de se retirer de la force africaine », a ainsi annoncé N’Djamena, par voie de communiqué, en dénonçant une « campagne gratuite et malveillante » contre ses troupes.

« Malgré les efforts consentis, le Tchad et les Tchadiens font l’objet d’une campagne gratuite et malveillante, tendant à leur faire porter la responsabilité de tous les maux dont souffre la RCA (République centrafricaine) », insiste encore le texte. « En attendant le Tchad assumera, sans failles, sa mission de paix dans les zones relevant de sa responsabilité en RCA », y est-il encore indiqué, sans plus de précisions.

Depuis le lancement de la MISCA, les troupes tchadiennes ont en effet été impliquées dans plus incidents avec la population de Bangui, ce qui motiva la décision de les retirer de la capitale centrafricaine pour les affecter vers d’autres zones, et accusées de collusion avec les combattants de l’ex-coalition rebelle de la Séléka, à dominante musulmane, voire même d’avoir fait preuve de passivité face aux exactions commises par ces derniers.

Mais ce qui a décidé N’Djamena de se retirer de la Misca est la mort de 24 personnes, le 29 mars à Bangui. Ce jour-là, des militaires tchadiens de retour de mission dans le nord du pays ont tiré sur la foule après avoir été, apparemment, la cible d’une attaque à la grenade. La présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba Panza, a annoncé l’ouverture d’une enquête afin d’établir les circonstances de cet incident.

Le 1er avril, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, a mis en cause les troupes tchadiennes. « Il semble que les soldats tchadiens aient tiré sans discrimination dans la foule », a affirmé sa porte-parole, Cécile Pouilly. A Paris, dont on peut aisément imaginer que ce retrait tchadien n’arrange pas les affaires, l’on a affirmé que la responsabilité de cet incident incombait « pour une large part aux anti-balaka », tout en demandant à ce que « la lumière soit faite sur ces violences ».

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