L’Otan suspend en partie sa coopération civile et militaire avec la Russie

Les récents événements en Crimée et les relations conflictuelles entre l’Ukraine et la Russie mettent l’Otan dans un certain embarras. Comment, en effet, éviter de mettre de l’huile sur le feu – ce qui permettrait à Moscou de maintenir une pression militaire sur les frontières ukrainiennes – tout en affichant une position ferme à l’égard du Kremlin et en rassurant les pays membres qui craignent, à tort ou à raison, d’être les prochains sur la liste du président Poutine? Le tout en sachant que l’on aura besoin du concours des autorités russes pour le retrait d’Afghanistan…

A cette équation difficile à résoudre, les ministres des pays membres de l’Alliance atlantique réunis le 1er avril à Bruxelles ont tenté d’y apporter une solution. Ainsi, après avoir affirmé ne pas reconnaître « la tentative illégale et illégitime d’annexion de la Crimée par la Russie », ils ont décidé de suspendre la coopération civile et militaire avec Moscou, tout en cherchant à maintenir un dialogue politique afin de trouver une issue à la crise russo-ukrainienne.

Toutefois, tous les programmes menés en collaboration avec la Russie ne seront pas touchés par cette décision. « Je pense que les projets de coopération liés à l’Afghanistan, sur les routes de transit ou les hélicoptères, devraient se poursuivre car nous avons un intérêt commun à assurer le succès de notre mission en Afghanistan », a ainsi affirmé Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan, dont les propos ont été rapportés par l’AFP.

Reste à voir ce que décidera Moscou en la matière. Si, par le passé, la Russie a accordé des facilités à l’Otan pour l’approvisionnement des troupes de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) déployée en Afghanistan, c’est qu’elle y avait deux interêts. Le premier était de contenir la menace jihadiste en Asie centrale, tandis que le second concernait la lutte contre le trafic de drogue, l’opium afghan causant des ravages sanitaires au sein de la population russe.

Quant aux annonces destinées à rassurer les pays d’Europe centrale et de l’Est, l’Alliance a indiqué qu’elle se tiendrait « prête » à « prendre les mesures nécessaires » pour faire face « à toute menace d’agression visant » ses membres. Rien de bien particulier puisque c’est sa raison d’être.

« La responsabilité première de l’Otan est de protéger et de défendre le territoire et la population de ses États membres. Et qu’on ne s’y trompe pas, c’est ce que nous allons faire », a commenté Anders Fogh Rasmussen. « Les ministres ont chargé les autorités militaires de l’Alliance de mettre en place des mesures supplémentaires pour renforcer la défense collective et la dissuasion contre toute menace d’agression visant l’Alliance », a-t-il poursuivi. Et d’ajouter : « Nous veillerons à actualiser nos plans militaires, à renforcer nos exercices et à effectuer les déploiements appropriés ».

Mais pour le moment, il n’est pas question d’aller plus loin que les mesures déjà annoncées, à savoir le renforcement des moyens aériens de la mission Air Baltic, dont l’objet est d’assurer la police du ciel de l’espace aérien des pays baltes, ainsi que le déploiement d’avions AWACS au-dessus de la Pologne et de la Roumanie.

S’agissant de l’Ukraine, qui ne fait pas partie de l’Otan, il a été décidé de l’aider à mener des réformes dans le domaine de la défense et de la conseiller pour protéger ses « infrastructures critiques ».

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