Centrafrique : Le président Hollande évoque des fauteurs de troubles dotés « d’armes modernes »

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Pendant que l’Etat-major des armées (EMA) met en avant la reprise de l’activité économique à Bangui, François Hollande, qui a reçu, le 1er avril, à l’Elysée, Catherine Samba Panza, la présidente centrafricaine, a fait part de son inquiétude au sujet de la situation sécuritaire en Centrafrique.

Après avoir toutefois rappelé les avancées obtenues depuis le lancement de l’opération Sangaris, le 5 décembre, et de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), comme par exemple « mise en place des autorités de la transition » ou encore le « des services publics les plus essentiels, les écoles, l’hôpital, la prison », le président français a estimé que la « situation sécuritaire » s’est « détériorée, dégradée dans un certain nombre de lieux et même à Bangui ».

Depuis plusieurs jours maintenant, la capitale centrafricaine est le théâtre d’affrontements sanglants, des groupes armés, affiliés aux milices anti-balaka, s’en prenant aux populations musulmanes.

A cela, s’ajoute la mort d’au moins 24 personnes lors d’un accrochage, dans des circonstances non encore éclaircies, avec des soldats tchadiens, dans le nord de Bangui, le 29 mars. Il s’agit du plus grave incident impliquant des forces étrangères en Centrafrique depuis le renversement du régime du président Bozizé par la coalition rebelle de la Séléka, laquelle n’a d’ailleurs pas été en reste pour commettre de nombreuses exactions à l’égard des chrétiens.

« Il semble que les soldats tchadiens aient tiré sans discrimination dans la foule », a accusé, Cécile Pouilly, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). Cette affirmation a été contestée par le Quai d’Orsay, pour qui la responsabilité de cet incident revient « pour une large part aux anti-balaka ».

Reste que pour le président Hollande, la situation est surtout difficile pour les musulmans, « directement visés » par des milices anti-balaka. Ces dernières ne sont pas toutes dotées de vieux fusils, de tromblons et de machettes. « Les forces françaises, à travers l’opération Sangaris, mettent tout en oeuvre pour qu’il puisse y avoir, à la fois, la sécurité en Centrafrique et en même temps la lutte contre ces groupes qui utilisent (…) des armes modernes pour mettre en cause l’Etat centrafricain », a-t-il affirmé aux côtés de Mme Samba Panza.

Quand les milices anti-balaka ont commencé à faire parler d’elles, leur armement était des plus sommaires. Il a ainsi été fait mention de vieilles « pétoires », de machettes,  d’arcs et de flèches (voir photo ci-dessus). Or, depuis février, des groupes se réclamant de ce mouvement sont apparus à Bangui avec des armes (des AK-47 Kalachnikov notamment) neuves, ou donnant l’impression de l’être. Et cela alors que la Centrafrique est sous embargo. Aussi, il est quasiment certain que ces factions sont contrôlées de l’extérieur, les soupçons allant vers l’ancien président Bozizé, même s’il s’en défend.

De son côté, le même jour, le HCDH s’est aussi dit préoccupé « par la détérioration de la situation de la sécurité à Bangui ». « Nous demandons une fois de plus aux États de soutenir l’appel urgent du Secrétaire général pour des milliers de soldats de la paix et de policiers supplémentaires », a ainsi déclaré Cécile Pouilly.

Même chose pour le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), qui s’est dit inquiet de la récente vague de violences qui s’est abattue sur Bangui. « Depuis les attaques dans la capitale en début de cette semaine, le nombre des personnes déplacées internes en République centrafricaine a augmenté et comprend désormais 637.000 individus, y compris 207.000 à Bangui. Ce chiffre représente une hausse d’environ 16.000 personnes », a expliqué Fatoumata Lejeune-Kaba, porte-parole de cette organisation.

« Les anti-balaka menacent tout particulièrement les musulmans dans le quartier PK12 de Bangui, à Boda, Carnot et Berberati, dans l’ouest de Bangui et dans la ville de Bossangoa, plus au nord. Nous craignons pour la vie de 19.000 musulmans dans ces localités. Le HCR est prêt à aider à leur évacuation vers des zones plus sûres à l’intérieur ou à l’extérieur du pays », a-t-elle expliqué.

Cependant, si les musulmans sont visés, les chrétiens et les Peuls continuent à l’être, dans une moindre mesure, par des combattants de l’ex-Séléka. Ainsi, selon le Réseau des journalistes pour les droits de l’homme en RCA (RJDH), « les membres de la communauté chrétienne et les peulhs de la ville de Ndélé (Nord-est) témoignent subir depuis quelques jours, des abus de la part » de ces derniers.

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