Mali : Des roquettes tirées grâce à des téléphones portables

roquette-20140401Le journaliste américain Michael Yon a mis en ligne, sur son site Internet, des compte-rendus (SITREP) de missions menées par les forces françaises engagées dans l’opération Serval. Comment les a-t-il récupérés? Mystère…

En tout cas, si ces documents ne révèlent aucune information compromettante, ils permettent d’en savoir plus sur les modes opératoires utilisés par les jihadistes encore présents dans le Nord du Mali et qui commettent, ponctuellement des attaques, notamment en posant des engins explosifs improvisés (IED) ou en lançant des roquettes, comme cela a été le cas à Gao, le mois dernier, lors de la visite de l’amiral Guillaud, désormais ancien chef d’état-major des armées (CEMA).

A priori, quand un tel incident se produit, il y a peu de chance de retrouver les coupables : ces derniers sont déjà loin une fois les roquettes tirées. Pourquoi? Tout simplement parce que la mise à feu de ces engins se fait grâce à un téléphone portable.

C’est ce qu’il ressort du compte-rendu d’une intervention effectuée en octobre 2013, laquelle permit de neutraliser d’une munition non tirée. Selon le document, il s’agissait d’une roquette de 122mm 9M22U (ndlr, utilisée par les lance-roquettes multiples de type Grad) posée sur une rampe artisanale réalisée en cornière métallique reliée au haut-parleur d’un « téléphone portable de marque Nokia ».

Pour déclencher la mise à feu, il n’était pas nécessaire de passer un appel, comme c’est le cas pour certains IED. Les jihadistes ont en effet contourné un éventuel brouillage (et le risque de se faire repérer) en utilisant l’alarme du téléphone. Dans le cas évoqué par le compte-rendu, elle était réglée à 6H32, soit la même heure des tirs ayant eu lieu la veille (*) depuis le même site . Seulement, un léger détail empêcha le départ de la roquette en question : la batterie retrouvée du Nokia « était inopérante ».

« L’angle de tir et l’azimut relevés au niveau des rampes de lancement confirment la volonté de ‘frapper’ la PfOD de Gao. La dispersion des tirs remarquée la veille peut être expliquée par le fait que nominalement la roquette doit subir une rotation dans son tube afin de se stabiliser sur la trajectoire et atteindre le point visé ce qui n’est pas le cas sur les rampes artisanales.  De plus, le pointage de l’aéroport est d’autant plus facile que les antennes et le toit blanc du DETIA sont visibles à la jumelle depuis les abords immédiats surélevés de la position de tir. La zone est propice à la mise en place de ce type d’attaque de part la configuration du terrain (petits oueds, végétation basse qui facilite le camouflage) », est-il souligné dans le compte-rendu.

En clair, le dispositif imaginé par les jihadistes, aussi ingénieux soit-il, manque singulièrement de précision (et c’est heureux!). Enfin, l’exploitation sommaire des téléphones retrouvés sur place a permis de trouver la trace de SMS « venant ou partant du Niger, du Mali et d’Algérie ».

(*) Le 7 octobre, 6 roquettes visèrent Gao. Une serait tombée dans le fleuve Niger, une autre dans une zone marécageuse.

Pour en savoir plus : Mars Attaque a réalisé un compte-rendu complet des documents publiés par Michael Yon

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