La Chine disposera bientôt d’une capacité de dissuasion en mer crédible

Pendant longtemps, les marins américains se tapaient sur les cuisses en affirmant qu’ils pouvaient écouter les sous-marins chinois sortir de leur base depuis l’Australie. Selon une évaluations publiée en 2011 par l’US Navy indiquait que même les nouveaux submersibles de l’armée populaire de libération (APL) pouvaient être « détectés dans la première zone de convergence », c’est à dire une l’anneau où se regroupent les ondes sonores provoquées par un élément en plongée.

La Chine a accusé de lourds retards en matière de construction de sous-marins. Tout d’abord parce que ce n’était alors pas la priorité de sa marine, dont la mission principale, jusque dans les années 1980, était de défendre les côtes du pays contre une possible invasion. Ensuite parce que l’académie navale sous-marine de Qingdao a mis du temps à se remettre des effets de la Révolution culturelle, laquelle eut raison de l’amiral Huang Xuhua, le responsable du programme de submersibles nucléaires chinois, condamné en tant qu' »intellectuel ».

Avec l’adoption du concept de « défense active des mers proches » puis celui d' »opérations dans les mers lointaines », la Chine a mis les bouchées doubles pour rattraper son retard. Ce qui était une nécessité pour assurer la crédibilité de sa dissuasion nucléaire étant donné qu’elle ne disposait alors pas de capacités satisfaisantes de « seconde frappe », capacités assurées par des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE).

Du coup, plusieurs projets ont été mis en chantier, avec le développement de nouveaux sous-marins nucléaires, qu’ils soient lanceurs d’engins (classe Jian ou type 094, classe Tang ou type 096), destinés à remplacer ceux de la classe Xia, dont un exemplaire aurait été perdu en 1985, ou d’attaque (type 095, classe Sang/type 093).

Ces efforts ont fait dire, en 2010, à Robert Gates, l’ancien chef du Pentagone, que « les Etats-Unis devront également faire face à des systèmes de combat sous-marins plus sophistiqués, dont nombre de sous-marins ‘discrets’, lesquels pourraient mettre un terme à la sanctuarisation opérationnelle que notre marine a connue dans le Pacifique occidental durant la majeure partie des 70 dernières années ».

Quatre ans plus tard, interrogé par la commission des Forces armées du Sénat, l’amiral Samuel Lockhlear, le commandant des forces américaines pour la région Asie-Pacifique, est allé dans le sens des propos de Robert Gates. « Les progrès de la Chine en matière de capacités sous-marines sont significatifs. Ils possèdent une force importante et de plus en plus capable », a-t-il affirmé, le 26 mars.

Selon lui, la puissance sous-marine chinoise est « incroyable ». « Ils auront, au cours de la prochaine décennie, une force assez bien modernisée de 60 à 70 sous-marins, ce qui est beaucoup pour une puissance régionale », a-t-il expliqué.

Quant aux SNLE, les progrès sont là aussi tangibles, avec le déploiement opérationnel attendu de navires de la classe Jin. Et comme la Chine « dispose d’un missile (nucléaire) dont la portée est de plus de 7500 km », celui lui donnera « pour la première fois une capacité de dissuasion en mer crédible, probablement avant la fin de 2014 ».

L’on sait peu de choses sur les SNLe de type 094, si ce n’est qu’ils sont capables de mettre en oeuvre au moins 12 missiles balistiques JL-2. Le nombre qui est en service n’est pas connu avec certitude. Un exemplaire a été livré en 2010 et selon les sources, il est question de 3 à 5 unités livrées à l’APL.

En octobre dernier, et pour la première fois depuis plus de 40 ans, les autorités chinoises communiquèrent autour de sa flotte sous-marine, à l’occasion d’exercices navals dans le Pacifique occidental. Les zones où ils eurent lieu avait précédemment été rendues publiques. A dessein, sans doute, même si la presse de Pékin déplora que les manoeuvres furent « sérieusement perturbées » par des « navires militaires et des avions de reconnaissance étrangers (américains notamment) » venus « surveiller de près les activités » des bâtiments chinois.

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