Importants mouvements de troupes russes à la frontière ukrainienne, selon le Pentagone

Après avoir perdu la Crimée, Kiev redoute maintenant une action militaire russe de grande ampleur dans la partie orientale de son territoire. Quelques incidents provoqués par des militants pro-russe ont ainsi été signalés dans la ville industrielle de Donetsk, située à deux pas de la Russie. Et, le 23 mars, le secrétaire du conseil de sécurité nationale et de défense ukrainien, Andriï Paroubiï, a estimé que « les troupes russes étaient prêtes à attaquer l’Ukraine à tout moment », après avoir fait état d’importants mouvements de troupes à la frontière. Ce qu’ a démenti Moscou, qui a par ailleurs promis de ne pas envahir son voisin.

Mais les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent… Aussi, la prudence est de mise côté occidental. « Nous sommes très inquiets de l’escalade potentielle dans l’Est et le Sud de l’Ukraine à cause de la présence de ces soldats, que Washington observe de très près », a ainsi déclaré, le lendemain, Ben Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité nationale du président américain, Barack Obama.

Ces mouvements de troupes russes ont été confirmés par le Pentagone. « Leur nombre continue à augmenter. Ils sont toujours en état d’alerte », a affirmé l’un de ses responsables à l’AFP. Toutefois, il a mis un bémol en soulignant l’absence « indices d’une invasion imminente de l’est de l’Ukraine ». Mais si les Russes « décident de bouger, cela ne prendrait pas beaucoup de temps », a-t-il ajouté.

Selon les estimations américaines, il y aurait « plus de 20.000 militaires russes avec le type d’équipements et d’unités nécessaires pour une opération militaire sont actuellement massées le long de la frontière russo-ukrainienne ».

« La Russie continue d’accroître le nombre de ses soldats le long de la frontière ukrainienne », a insisté, le 26 mars, Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense, lors d’une conférence de presse conjointe avec Philip Hammond, son homologue britannique.

Le chef du Pentagone a indiqué avoir eu une discussion, la semaine passée, avec Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense. « Je lui ai spécifiquement demandé pourquoi les Russes renforçaient leur frontière occidentale (avec l’Ukraine) et quelles étaient leurs intentions. Il m’a dit qu’ils n’avaient pas l’intention de franchir la frontière », a-t-il raconté.

Mais le ministre britannique a relativisé les propos de Sergueï Choïgou. « Les autres acteurs russes, dont le ministre Choïgou, peuvent exprimer leur point de vue, mais nous ne savons pas dans quelle mesure tous ces gens font vraiment partie du cercle rapproché de décision », a-t-il fait valoir.

En attendant, l’Ukraine prend ses dispositions pour parer à toute éventualité. Pour commencer, son ministre de la Défense, Igor Tenioukh, confronté à une vague de critiques au sujet de sa gestion de la crise en Crimée, a remis sa démission. Il a depuis été remplacé Mikhaïlo Koval, un officier qui a servi dans le corps des garde-frontières. Quant au budget de la Défense, il a été décidé de l’augmenter de 622 millions de dollars afin de mobiliser les troupes et améliorer les capacités opérationnelles des forces armées. Mais si une invasion est imminente, ces décisions seront arrivées trop tard…

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