Le général de Villiers veut ouvrir le chantier de la réserve opérationnelle

La réduction des effectifs au sein des armées (34.000 postes supplémentaires à supprimer d’ici 2019) suppose une gestion plutôt délicate des ressources humaines (l’on parle de manoeuvre RH) ainsi que des difficultés pour remplir les contrats opérationnels. Et cela d’autant plus que l’empilement des missions (vigipirate, opex, opint) et des activités, comme la préparation opérationnelle ou encore les stages de formation, fait que les militaires, n’ayant pas encore le don d’ubiquité, sont déjà très sollicités. D’où l’intérêt de disposer d’une réserve opérationnelle importante.

En France, il existe trois types de réservistes. Il y a ceux qui appartiennent à la réserve opérationnelle (RO1), c’est à dire des volontaires ayant signé un contrat ESR (Engagement à servir dans la réserve) pour une durée allant de 1 à 5 ans. Ces derniers sont appelés à renforcer les unités d’active le cas échéant. En outre, les anciens militaires sont soumis à une obligation de disponibité de 5 ans après quitté le service font partie de la RO2. Enfin, il existe également la réserve citoyenne (RCIT), laquelle repose sur des volontaires bénévoles et dont la mission vise surtout à renforcer le lien armée-nation.

En 2012, l’on comptait 56.328 réservistes au sein de la RO1 et 118.227 anciens militaires pour la RO2, dont l’objet est de renfocer la première en cas de besoin. Et 1.158.271 journées de « période » furent effectuées. Quant à la réserve citoyenne, elle s’appuyait sur 3.001 « bénévoles du service public ».

Pour autant, cela n’est pas suffisant. Lors de ses récentes auditions devant les commissions du Parlement concernées par les affaires de défense, le général de Villiers, chef d’état-major des armées (CEMA), s’en est largement expliqué. « S’agissant du lien armée-Nation, nous n’avons pas mené une réforme suffisamment profonde des réserves. Il nous faut aller plus loin. De vrais professionnels à temps partiel nous sont indispensables pour certaines qualifications », a-t-il affirmé, en soulignant qui le budget annuel qui leur est alloué est « de seulement 70 millions d’euros ».

S’agissant de la réserve citoyenne, le général de Villiers a admis avoir été « dubitatif » pendant un temps sur le concept. « Mais je l’ai expérimentée lors de mon commandement de brigade à Orléans et je suis désormais convaincu de son utilité », a-t-il confié.

« Je crois fermement à la réserve citoyenne au titre du lien armée-Nation. Elle peut être très utile dans des domaines très diversifiés et constitue un relais potentiel pour les forces armées. Il faut mieux l’organiser et clarifier son statut, en réglant des questions telles que la prise en charge des frais de déplacement ou le port de la tenue », a-t-il expliqué au Sénat.

Quant à la réserve opérationnelle, elle est un « chantier à ouvrir » pour le CEMA. « La commission du Livre blanc était unanime sur ce sujet, même si elle n’a pas débouché sur un plan formalisé et concret », a-t-il relevé, avant d’avancer trois pistes de travail.

Il s’agirait ainsi de « mieux utiliser individuellement et collectivement la réserve, en particulier pour les spécialités rares, où des professionnels à temps partiel peuvent apporter un regard extérieur novateur », de simplifier le cheminement administratif des réservistes, qui est aujourd’hui décourageant » et d' »améliorer l’attractivité de la réserve au sein des entreprises et les administrations, en s’inspirant, notamment, de l’exemple britannique ».

Toutefois, il n’est pas certain de reproduire ce qu’il se fait outre-Manche soit des plus judicieux… étant donné où la British Army, qui a absolument besoin de réservistes pour respecter son modèle 2020, ne parvient actuellement pas à atteindre ses objectifs en matière de recrutement.

« C’est un vrai projet à construire », a insisté le général de Villiers. « Je suis frappé par les gens exceptionnellement volontaires qui forment la réserve et qui sont, qui plus est, ancrés dans leurs territoires là où nos forces sont de moins en moins présentes. Ces atouts doivent être exploités, d’abord par la définition d’une stratégie, puis par l’octroi de moyens adaptés », a-t-il ajouté.

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