Le général de Villiers prépare Cap 2020, un projet « fédérateur » pour la transformation des armées

Comment faire « au mieux » avec moins, tout en étant capable de respecter les contrats opérationnels fixés par le dernier Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN)? Pour le général de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA), il est nécessaire de poursuivre la transformation des forces via un projet se voulant fédérateur appelé « Cap 2020 ».

« Il définit pour chaque armée, direction ou service le chemin de sa transformation, en répondant à un objectif clair : disposer dans la durée d’un outil militaire complet et cohérent, apte à garantir nos intérêts de défense dans le cadre de l’ambition stratégique de la France », a-t-il expliqué lors de ses auditions au Sénat et à l’Assemblée nationale, le 26 février dernier.

Ce plan comporte 3 volets. Le premier porte sur « l’optimisation des moyens au profit des capacités opérationnelles ». En clair, il s’agit notamment de mettre de définir des priorités dans les activités et les préparations opérationnelles en lien avec les interventions extérieures en cours, moderniser et adapter les capacités afin de faire face aux engagements futurs ainsi que de réformer les « dispositifs des forces de souveraineté et de présence, en réorganisant les points d’appui et en diminuant nos effectifs ».

Justement, la question des ressources humaines fait l’objet du second volet du Plan 2020. Les forces armées devront en effet être capables de respecter les contrats opérationnels du LBDSN tout en subissant une nouvelle déflation de leurs effectifs. D’ici 2019, 34.000 postes seront supprimés (au passage, le format de l’armée de Terre a été réduit de 41% depuis 2000…).

Or, pour le général de Villiers, il « s’agit de conduire ces déflations avec le plus de souplesse possible, pour assurer la continuité de nos missions ». Et cette « manoeuvre RH » s’annonce compliquée, le tout sur fond de maîtrise de la masse salariale. Cela « nous impose par ailleurs de prendre en compte le contingentement des effectifs, le dépyramidage, la gestion des hauts potentiels, la promotion au mérite, la simplification du dispositif indemnitaire des militaires et donc, au bilan, les parcours que nous offrons au personnel des armées », a-t-il expliqué.

S’agissant plus précisément du « dépyramidage », le CEMA a indiqué qu’il y « aura moins d’officiers généraux, moins de colonels ou capitaines de vaisseau, moins de lieutenants-colonels ou de capitaines de frégate, et que les parcours seront adaptés ».

Les officiers qui auront du « potentiel » et qui seront sélectionnés « à partir de la sortie de l’école de guerre » pourront espèrer décrocher les étoiles. Quant aux autres, ils seront inciter à « mener une deuxième carrière dans le monde civil, progressivement, aux grades de capitaine (lieutenant de vaisseau), de lieutenant-colonel (capitaine de frégate) ou de colonel (capitaine de vaisseau) », a précisé le général de Villiers. Seulement, et c’est là l’une des difficultés de cette manoeuvre RH, il faudrait supprimer 5.700 postes d’officiers entre 2014 et 2019. Or, a-t-il dit, « on ne peut pas faire partir des gens qui ne le veulent pas ». L’on peut dire aussi que le même problème se posera aux sous-officiers.

Au final, l’objectif est d’avoir « une pyramide des grades plus aiguë avec une population plus jeune », le tout en « étroite cohérence avec la baisse des effectifs dans les états-majors et le chantier mené sur la formation » et avec le souci d’améliorer la condition du personnel, « juste compensation des contraintes statutaires imposées aux militaires du fait de la finalité opérationnelle de leurs actions » A ce titre, un plan est en cours d’élaboration afin de simplifier le dispositif indemnitaire (comprendre : faire le ménage dans les 174 primes existantes, comme avait invité à le faire la Cour des comptes) et d’améliorer « la prise en compte des notions de mérite et de responsabilité ».

Cela étant, et comme il l’a annoncé avec la réduction de 30% du nombre de postes au sein de l’Etat-major des armées, le général de Villiers a précisé que « l’effort de déflation du personnel sera porté en priorité sur l’environnement et le soutien des forces ». D’où le troisième point du Plan 2020.

« Une armée qui adapte son organisation sous contrainte, c’est (…) une armée dont l’administration est plus agile, plus resserrée : c’est une armée qui réduit les effectifs des états-majors et des organismes centraux », a-t-il fait valoir. Mais c’est aussi, a-t-il poursuivi, « une armée qui densifie ses emprises territoriales, pour dépenser mieux et moins (…) et  qui accroît la performance de ses soutiens ».

Ce qui signifie que les forces armées devront adapter leur organisation à la nouvelle donne, avec des « restructurations territoriales inéluctables ». Des propositions en ce sens seront soumises au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Concernant l’organisation de la chaîne des soutiens, le général de Villiers a mis en avant le principe « d’une administration générale et de soutiens communs sous une autorité unique », à savoir le Service du commissariat des armées, ainsi que « le renforcement du pouvoir des commandants de base de défense », lesquels devraient être, le plus souvent, des « officiers assumant déjà des responsabilités locales ». « C’est ce que, dans notre jargon, nous appelons le ‘double casquettage’ : le dialogue est facilité entre le soutenant et le soutenu quand c’est le même homme! », a argumenté le CEMA.

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