L’armée ukrainienne n’interviendra pas en Crimée

Quand le Kosovo, ancienne province autonome serbe, proclama son indépendance quelques années après l’intervention de l’Otan contre les forces de Belgrade, le président russe, Vladimir Poutine, aurait affirmé que cela était « un précédent dangereux ». Et, en s’adressant aux Occidentaux, que cette affaire « vous reviendra dans la gueule ».

On avait déjà pu le mesurer en août 2008, lors du conflit russo-géorgien, dont la conséquence fut la sécession et l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, que la Russie s’empressa de reconnaître…

Et le précédent du Kosovo a été une nouvelle fois invoqué par le Parlement pro-russe de Crimée pour justifier la déclaration d’indépendance de la péninsule à l’égard de Kiev. Sur le plan juridique, il a été fait mention de la Charte des Nations unies et de « toute une série d’autres documents internationaux établissant le droit des peuples à l’autodétermination », sans oublier l’avis rendu par la Cour internationale de justice le 22 juillet 2010 selon lequel « la proclamation unilatérale d’indépendance par une partie d’un État ne viole aucune norme du droit international ».

Cette déclaration d’indépendance est un préalable au référendum qui sera organisé le 16 mars prochain. En cas de résultat favorable, la Crimée « s’adressera à la Fédération de Russie pour y être admise sur la base d’un accord intergouvernemental idoine en tant que nouveau sujet de la Fédération ». En clair, Moscou mettre la main sur cette province autonome ukrainienne sans coup férir.

Cependant, pour les dirigeants occidentaux, dont Angela Merkel, la chancelière allemande, ce référendum est « illégal ». « Sa tenue est contraire à la Constitution ukrainienne et au droit international », a-t-elle avancé. « On peut déjà parler d’annexion », a aurait-elle assuré lors d’une réunion du groupe parlementaire conservateur CDU/CSU. Et d’ajouter que la Russie a « dérobé » la Crimée à l’Ukraine. « Il ne faut pas laisser passer cela », aurait-elle affirmé.

« Dans sa forme actuelle, le référendum concernant la Crimée prévu le 16 mars n’est pas conforme à la Constitution ukrainienne et doit être considéré comme illégal », a fait valoir, par voie de communiqué, Didier Burkhalter, actuellement président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Aux Etats-Unis, le Congrès a formellement condamné « l’agression » russe en Crimée dans deux textes séparés. La Chambre des représentants a notamment approuvé, quasiment à l’unanimité, une résolution condamnant « la violation de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine par des forces militaires de la Fédération de Russie » et demandant « des sanctions de visas, financières, commerciales et autres contre de hauts responsables de la Fédération de Russie, des banques et organisations commerciales contrôlées par l’Etat, ainsi que d’autres agences publiques ».

Dans cette affaire, les marges de manoeuvres des autorités en place à Kiev sont des plus limitées. Si le référendum du 16 mars est présenté comme étant une « farce décidée depuis les bureaux du Kremlin » par le président par intérim Olexandre Tourtchinov, le régime ukrainien ne pas faire grand chose pour empêcher sa tenue. Pas même une intervention militaire.

« Nous ne pouvons pas nous engager dans une opération militaire en Crimée, ainsi nous dénuderions la frontière est et l’Ukraine ne serait pas protégée, les militaires russes comptent là-dessus », a expliqué M. Tourtchinov, le 11 mars. « A la frontière est de l’Ukraine sont concentrées d’importantes unités de blindés », a-t-il ajouté.

Mais la Crimée ne serait pas la seule région à subir l’influence de Moscou. Des manifestations pro-russes ont ainsi éclaré, la semaine passé, à Donetsk et à Lougansk, deux villes de l’est ukrainien où les bâtiments d’admnistrations ont été temporairement pris d’assaut et sur lesquels le drapeau russe a été hissé.

Aussi, le président par intérim a annoncé que l’Ukraine va « prochainement lancer une mobilisation partielle des réservistes » car elle « ne restera pas impassible face à la poursuite de l’agression ». Et d’ajouter : « Les Russes peuvent attaquer nos unités militaires en Crimée, étendre leur agression sur le continent. L’armée va réagir ».

Mais après avoir vu ses ressources financières considérablement diminuée au cours des ces dernières années, que peut peser l’armée ukrainienne face aux troupes russes? Et quel sera l’état d’esprit de ses soldats? Aussi, pour M. Tourtchinov, « les Etats-Unis et l’UE doivent forcer la Russie à arrêter l’agression militaire et les provocations contre l’Ukraine » tout en affirmant que son pays a  » besoin d’une aide importante, non seulement économique, mais militaro-technique ». Sur ce dernier, il n’a pas donné d’autres précisions.

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