Général de Villiers : « Je souhaiterais dans tous les cas éviter les ruptures temporaires de capacité »

« Bon courage, ça ne va pas être facile! ». Cette affirmation, le général de Villiers l’a entendue à maintes reprises depuis sa nomination aux fonctions de chef d »état-major des armées (CEMA). Et même si, comme il le dit lui-même, il est « optimiste de nature », il n’en demeure pas moins qu’il n’ignore rien des difficultés, voire des défis, qui l’attendent (En Russie, un proverbe dit que « le pessimiste est un optimiste informé »…)

La trajectoire financière de la dernière Loi de programmation militaire (LPM) a certes beau avoir été « sécurisée » au maximum, avec une clause de « revoyure » à mi-parcours, mais  le contexte économique et les marges de manoeuvre budgétaires restent ce qu’ils sont…

S’agissant de l’équipements des forces, il est essentiel, pour le général de Villiers, d’éviter des ruptures temporaires de capacité. En tout cas, il souhaiterait les éviter… Or, si certains cas de figure doivent se produire, il n’est pas certain que cela soit possible.

A la question de savoir si l’armée française est capable « de faire face à une montée en puissance de Sangaris et à une autre crise qui adviendrait » lors de son audition devant les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées, le nouveau CEMA a répondu « oui ». Et cela « sans aucune hésitation ».

« Nous pourrions, s’il le fallait, renforcer Sangaris et faire face à un deuxième Mali. Nous avons les hommes et les équipements pour le faire », a-t-il avancé. Seulement, se poserait alors une seconde question : pour combien de temps? « Ce qui est compliqué, c’est la durée, qui plus est si nous devons conduire plusieurs opérations simultanément sur des théâtres éloignés les uns des autres et il y aurait aussi des tensions sur certaines capacités critiques telles que le ravitaillement aérien, le transport aérien, le renseignement (ISR) et les forces spéciales », a-t-il expliqué.

Mais tension ne veut pas dire rupture… Seulement un risque de rupture pouvant être élevé pour certains équipements. Alors que seulement 92 Véhicule blindé multi-rôle (VMBR) seront livrés au cours des 5 prochaines années, le général de Villiers a souligné que « le véhicule de l’avant blindé (VAB) est à bout de souffle », ce qui « impose un tuilage, comme pour les avions Transall avec les A400M, ou les frégates anti-sous-marines avec les frégates FREMM ».

Et d’estimer que le décalage du programme Scorpion « est cohérent avec la perte d’une brigade et le contrat opérationnel des 66 000 hommes projetables pour l’armée de terre. Cette approche nous permettra d’avoir une armée de terre modernisée en 2020-2025, mais il faut éviter le maillon faible ».

Justement, ce programme Scorpion (Synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation) fait d’autant plus partie des priorités du général de Villiers qu’il est structurant pour l’armée de Terre. A son sujet, il a sous-entendu, cette fois aux députés de la commission de la Défense, qu’il aurait pu passer à la trappe. Il y a eu « des débats difficiles lors des arbitrages relatifs à la LPM », a-t-il expliqué. « On a finalement retenu des programmes à effet majeur pour environ 5,7 milliards d’euros par an, alors qu’il nous aurait fallu beaucoup plus. Nous avons donc dû renoncer à certains équipements, mais nous avons conservé un modèle d’armée complet, ce qui est l’essentiel », a-t-il ajouté.

Outre le programme Scorpion, et en « simplifiant à l’extrême », le général de Villiers a précisé, devant les sénateurs, ses priorités en matière d’équipement. Pour l’armée de Terre, et fort logiquement, il a ainsi cité « le missile moyenne portée (MMP), l’engin blindé de reconnaissance et de combat (EBRC), le véhicule blindé multi-rôle (VMBR) et le programme ‘Contact’ pour la radio », lancé en avril 2012.

Tout aussi logiquement, pour ce qui concerne l’armée de l’Air, le CEMA a évoqué le dossiers des avions ravitailleurs MRTT (seulement deux seront livrés d’ici 2019, et encore, dans une configuration « dégradée ») et la livraison des A-400M « Atlas ». Enfin, pour la Marine nationale, il a mis en avant le « le fait d’avoir un groupe aéronaval digne de ce nom, bien protégé par-dessus, par-dessous et en surface, ainsi que les moyens d’assurer l’action de l’Etat en mer sans oublier les forces sous-marines ».

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