Tensions autour du pétrole libyen

Pour les finances publiques libyennes, les recettes pétrolières sont essentielles. Or, depuis juillet 2013, plusieurs sites pétroliers situés dans l’est du pays sont bloqués par des groupes armés revendiquant l’autonomie de la Cyrénaïque, région déjà en proie à une instabilité chronique.

Ces miliciens cherchent en outre à exporter, à leur profit, du brut. Telle est notamment la situation au port pétrolier d’al-Sedra, où un tanker battant pavillon nord-coréen, appelé « Gloire du matin », est en train de remplir ses cuves, malgré l’interdiction prononcée par les autorités de Tripoli.

« Le navire est toujours dans le port. Le processus de chargement est en cours. Le chargement du pétrole devrait durer jusqu’à la fin de journée, le navire ayant une capacité de 300.000 à 350.000 barils », a précisé, le 9 mars, Mohamed al-Hrairi, le porte-parole de la Compagnie nationale de pétrole (NOC), qui parle d’un acte de piraterie. La valeur de la cargaison est estimée à près de 30 millions de dollars.

« Nous annonçons aux Libyens et au monde entier que nous avons entamé les exportations du pétrole », a affirmé, le 8 mars, Abd-Rabbo al-Barassi, le Premier ministre du gouvernement auto-proclamé de Cyrénaïque, formé en août dernier. Nous ne défions pas le gouvernement ni le Congrès (Parlement). Mais nous arrachons nos droits, a-t-il ajouté.

Bien évidemment, à Tripoli, l’on ne l’entend pas de cette oreille. Le même jour, le Premier ministre libyen, Ali Zeidan, a haussé le ton en agitant la menace de « bombarder » le pétrolier en question, qui plus entré illégalement dans les aux territoriales libyennes.

« Toutes les parties doivent respecter la souveraineté de la Libye. Si le navire n’obtempère pas, il sera la cible de bombardements », a-t-il en effet prévenu, en prévenant d’une « possible catastrophe naturelle ». Et, le lendemain, le ministre libyen de la Défense a ordonné aux responsables de la marine et de l’aviation de « traiter » avec le navire.

Lors d’une conférence de presse (et dans un curieux mélange des genres), le ministre de la Culture, Habib al-Amin, a indiqué que des bâtiments de la marine libyenne avaient pris position près du port d’al-Sedra. « Le pétrolier ne peut plus quitter, sinon il sera transformé en tas de ferraille », a-t-il affirmé.

Dernier épisode en date, le Parlement libyen a ordonné, ce 10 mars, la constitution d’une force militaire pour « libérer » les terminaux pétroliers bloqués par les milices autonomistes. Une opération devrait être lancée d’ici une semaine.

Seulement, comme l’on peut l’imaginer, les rebelles n’ont nullement l’intention de se laisser faire. Et ils ont déjà averti qu’une éventuelle attaque contre le « Gloire du matin » serait une « déclaration de guerre ».

Nous envoyons des renforts terrestres et maritimes pour défendre la Cyrénaïque jusqu’à l’ouest de Syrte (…) Nous avons aussi des navires qui patrouillent au large des côtes », a affirmé, selon Reuters, Essam al Djahani, un responsable des milices autonomistes, qui, fortes de plusieurs milliers de combattants, sont commandées par Ibrahim Djathran, un ancien chef de la brigade anti-Kadhafi « Hamza » que l’on dit hostile aux islamistes qui cherchent à s’établir dans l’est de la Libye.

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