Des patrouilleurs Adroit pour la marine libanaise?

Lors de la visite du président Hollande à Riyad, en décembre dernier, l’on avait appris que le roi Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud venait de promettre une enveloppe de 3 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros) pour permettre à l’amée libanaise de se procurer des équipements et des armes auprès de la France.

Avec les risques de déstabilisation que fait peser la guerre civile syrienne et les tensions à sa frontière sud, le Liban a besoin de forces armées correctement équipées. Seulement, par rapport au Hezbollah, la puissante milice chiite, ces dernières manquent de moyens.

Pour la France, l’enjeu est donc de les renforcer pour qu’elles puissent coopérer pleinement avec la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban), conformément à la résolution 1701 adoptée en 2006. Quant à l’Arabie Saoudite, son objectif est de contrer l’influence de l’Iran au Liban, sachant que Téhéran soutient et arme le Hezbollah.

En outre, la réunion du Groupe international de soutien au Liban (GIS), à laquelle ont notamment participé les 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, la semaine passé, à Paris, a confirmé la nécessité de renforcer l’armée libanaise, en soulignant, une fois de plus, les « répercussions négatives que le conflit syrien au Liban a sur les communautés vulnérables et sur certains secteurs clefs, notamment la santé, l’éducation, les infrastructures et l’emploi ».

Par le passé, l’armée libanaise a reçu beaucoup de promesses mais peu ont été réalisées. La Russie lui avait proposé des avions de combat MiG-29 avant de finalement se raviser. Il avait même été question, pendant un temps, de lui céder 10 appareils de type OV-10 Bronco, idéal pour la contre-guérilla. Mais là encore, le projet est tombé aux oubliettes.

Pour autant, du matériel a toutefois été livré aux militaires libanais. Notamment par les Etats-Unis, qui leur ont donné des blindés M113 et quelques hélicoptères de seconde main. La France a fourni, en 2013, 5.000 gilets pare-balles, du matériel de déminage et de vision nocturne et, plus discrétement, 20 missiles antichars HOT.

La réticence de céder à l’armée libanaise des équipements neufs et technologiquement avancés s’explique par le risque de les voir tomber aux mains du Hezbollah. Et puis Israël, dont l’aviation mène ponctuellement des raids au Liban pour empêcher des transferts d’armes à la milice chiite, n’a pas trop intérêt à ce que les capacités militaires de Beyrouth soient assez importantes pour interdire l’accès de son territoire aux avions de Tsahal.

« Nous n’obtiendrons pas d’avions de chasse, Israël fera pression sur le gouvernement français pour l’éviter. Mais nous espérons des missiles sol-air mobiles et de missiles antichars de 3e génération. Les chancelleries occidentales redoutent que ces armes tombent entre les mains du Hezbollah, contre Israël. Ce genre de chose ne s’est jamais produit, et ne se produira pas. Les armes sensibles sont en lieu sûr », a récemment résumé une source militaire libanaise. A cela s’ajoute la nécessité de pouvoir disposer moyens nécessaires pour assurer la maintenance des équipements.

Quoi qu’il en soit, le président Hollande avait affirmé, en décembre, que « la France (…) entendra répondre à toutes les sollicitations qui lui sont adressées parce que le Liban doit rester uni, son intégrité doit être respectée, sa sécurité doit être assurée ». Restait à donc à voir les souhaits de l’armée libanaise…

Selon le quotidien Les Echos, la liste des voeux des militaires libanais serait désormais arrêtée et transmise à l’ODAS, une entreprise publique chargé de négocier les contrats de gré à gré avec l’Arabie Saoudite et qui sera prochainement dirigée par l’amiral Guillaud, l’ex-chef d’état-major des armées.

Il est ainsi question que la France fournisse au Liban, dans le cadre de cette enveloppe de 2,2 milliards d’euros donnée par Riyad, des hélicoptères d’attaque Gazelle d’occasion dotés de missiles HOT ainsi que des EC-725 Caracal neufs pour le transport. Il est aussi question de livrer des Véhicules blindés légers (VBL) et des Petits Véhicules Protégés (PVP). Etant donné l’état des infrastructures libanaises (les AMX-10P y ont usé la semelle de leurs chenilles, qu’il fallait remplacer toutes les 3 semaines), aucun blindé chenillé n’est sur la liste.

Mais la surprise, si l’on en croit Les Echos, réside dans la demande de 4 patrouilleurs hauturiers Adroit (gamme Gowind) de DCNS, avec un canon de 76 mm en lieu et place de celui de 20 mm prévu au catalogue et de missiles surface-air Mistral. Un exemplaire de ce type de navire, capable de mener un panel large de missions (surveillance, lutte contre les trafics, anti-piraterie, etc…)  est actuellement en service au sein de la Marine nationale, après un accord avec le constructeur naval.

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