L’Otan va réexaminer sa coopération avec la Russie

En 2008, au moment du conflir russo-géorgien, l’Otan avait décidé de suspendre sa participation aux réunions du Conseil Otan-Russie (COR), mis en place en 2002 afin de « servir de structure et de cadre principaux pour faire avancer les relations » entre l’Alliance et Moscou.

Les choses rentrèrent dans l’ordre quelques mois plus tard. D’une part parce que le président Obama, nouvellement élu, venait de mettre en place une politique de « reset » (de remise à jour) à l’égard des dirigeants russes et, d’autre part, parce qu’il valait mieux, à l’époque, « ne pas s’attarder sur les sujets qui divisent » pour mieux « regarder ceux qui rapprochent », comme la lutte contre le terrorisme, l’Afghanistan et la piraterie maritime.

Avec les menées russes en Crimée, l’on peut s’attendre à une nouvelle suspension des relations entre l’Otan et Moscou. Cependant, on n’en est pas encore tout à fait là. « Nous avons placé l’ensemble de la coopération Otan-Russie sous examen et mis fin aux réunions communes au niveau des employés de l’Otan », a ainsi expliqué Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, à l’issue d’une réunion Otan-Russie au niveau des ambassadeurs, le 5 mars.

« Ces mesures envoient un message très clair à la Russie selon lequel elle doit contribuer à la désescalade de la situation en Ukraine », a ajouté l’ancien Premier ministre danois. « Dans le même temps, nous voulons laisser la porte ouverte au dialogue en étant prêts à maintenir les réunions du Conseil Otan-Russie au niveau des ambassadeurs », a-t-il assuré.

Parmi ces mesures, la « plus immédiate est la suspension de la préparation de la première mission commune Otan-Russie, à savoir l’escorte commune pour le navire américain transportant des armes chimiques syriennes devant être détruites », a fait savoir M. Rasmussen, en précisant que « cela ne va pas affecter la destruction des armes chimiques, mais (que) la Russie ne sera pas partie prenante à partir de maintenant ».

Par ailleurs, l’Otan a décidé de renforcer son partenariat avec l’Ukraine et sa « coopération pour soutenir les réformes démocratiques » dans ce pays. Pas sûr que cela enchante Vladimir Poutine ou le persuade de « contribuer à la désescalade » de la situation en Crimée, qui, au passage décidera le 13 mars prochain de son rattachement à la Russie…

Concrètement, l’Otan apportera un soutien plus appuyé aux forces militaires ukrainiennes, sachant que Kiev coopère depuis longtemps avec l’organisation atlantique, avec notamment l’envoi d’un contingent en Afghanistan. Il s’agira d’aider l’Ukraine a moderniser son armée et de mener, avec cette dernière, davantage d’entraînements et d’exercices communs.

Quant à une éventuelle adhésion de Kiev à l’Otan, M. Rasmussen a précisé que c’était aux Ukrainiens de le décider. Il n’allait pas dire le contraire… Mais en tout cas, cela laisse entendre que la porte est grande ouverte….

Si l’Ukraine avait été admise au sein de l’Alliance atlantique, comme il en avait été question en 2008 – la France et l’Allemagne s’y étaient fermement opposés – alors Kiev pourrait invoquer l’article 5 de la charte de l’Alliance, selon lequel « les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d’elles […] assistera la partie ou les parties ainsi attaquées […] y compris [par] l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique Nord ».

Aussi, l’Ukraine n’étant pas membre de l’Otan, cette denière ne peut qu’enchaîner les réunions sur la situation en Crimée, étant donné qu’elle n’a aucun rôle opérationnel à jouer. Reste que pour l’ambassadeur russe auprès de l’Alliance, Alexandre Grushko, cette activité est dénote une « mentalité de Guerre froide ».

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