La situation en Ukraine pourrait compliquer le retrait d’Afghanistan de l’Otan

En mars 2012, l’Otan avait estimé qu’il fallait sortir d’Afghanistan d’ici à décembre 2014, date de la fin de mission de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), pas moins de 218.000 véhicules et conteneurs. En janvier dernier, environ 80.000 avaient pu être rapatriés.

Cette manoeuvre logistique est à la fois délicate et extrêmement coûteuse. Le fait que l’Afghanistan ne possède aucune façade maritime complique la donne, d’autant plus que les voies de sortie ne sont pas nombreuses.

Le transport aérien serait la solution idéale dans l’absolu. Plus rapide, elle a cependant le défaut d’être très coûteuse. Déjà que, rien que pour les forces américaines, le coût du retrait est évalué entre 5 et 7 milliards de dollars (il est estimé à 300 millions de livres pour les Britanniques), la priorité va aux options les plus économiques étant donné que les budgets militaires sont soumis à de fortes contraintes.

La solution la moins chère passe par le Pakistan. Mais c’est aussi la plus risquée dans la mesure où les convois doivent passer par des régions infestées de taliban locaux. Qui plus est, elle est soumise au bon vouloir des autorités pakistanaises. En 2011, ces dernières avaient décidé d’interdire les routes du pays à l’Otan, après un raid ayant coûté la vie à plusieurs de ses militaires stationnés à la frontière afghano-pakistanaise. Aussi, il est à espérer qu’aucun incident de la sorte ne se reproduise dans les mois qui viennent. Car pour le coup, le retrait deviendrait une mission quasi-impossible.

Car la dernière voie possible pour les convois de l’Otan passe par le Réseau de Distribution Nord (Northern Distribution Network), composé par plusieurs axes passant par la Russie et l’Asie centrale. Cette option avait fait l’objet de négociations en 2008 pour ravitailler les troupes de l’Otan en Afghanistan. Et un accord pour le « transit retour multimodal » a été trouvé en juillet 2012.

« L’accord de transit conclu entre l’Otan et la Russie s’est avéré essentiel au développement de l’itinéraire de ravitaillement nord vers l’Afghanistan, car il a permis la liaison ferroviaire entre la Russie, l’Ukraine, l’Ouzbékistan et le Kazakhstan. (…). Un accord permettant le transit retour multimodal (combinant les modes de transport ferroviaire et aérien) d’équipements de l’ISAF via le territoire russe a été signé en juillet 2012″, explique l’Alliance atlantique.

Seulement, que se passera-t-il si les relations entre l’Otan et la Russie se détériorient à cause de l’intervention russe en Crimée? Et si Moscou décidait de fermer son territoire aux convois des pays engagés en Afghanistan dans le cadre de l’ISAF? Certes, il serait toujours possible de passer par le Turkmenistan, l’Azerbaïdjan et la Turquie, c’est l’un des itinéraires du RDN. Les Etats-Unis ont, de leur côté, négocié l’utilisation la base Mihail Kogalniceanu, destinée à devenir le centre de gravité pour le retrait » du territoire afghan, en remplacement de la base de Manas, au Kirghizstan. Mais cela ne règlera pas les problèmes d’engorgement…

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