Vers une école européenne des troupes aéroportées?

Dans un entretien accordé au magazine spécialisé Air Fan (n°423), le lieutenant-colonel Christophe Bultez a évoqué sans fard les défis que doit relever  l’Ecole des troupes aéroportées de Pau (ETAP), qu’il commande.

L’une des difficultés de l’ETAP, qui délivre, chaque année 2.000 brevets de parachutisme, est de trouver des avions disponibles pour les largages. Des appareils « civils externalisés peuvent être affrétés pour une partie des sauts des chuteurs, mais à ce jour, il n’en existe pas d’intéressants pour le saut automatique », a expliqué le lieutenant-colonel Bultez. D’où l’attente forte suscitée non seulement par l’A400M Atlas et le standard 235-300 du Casa 235, lequel reste « souvent le mieux adapté aux formats actuels des stages ».

De par ses capacités, l’A400M va « inévitablement révolutionner la formation et l’entraînement », en permettant d’effectue, selon le commandant de l’ETAP, près de 1.000 sauts par demi-journée.

S’agissant de l’instruction de base, l’arrivée de l’Atlas ne changera pas grand chose dans l’absolu. En revanche, pour l’entraînement des cadres aéroportés et les chuteurs opérationnels, il autorisera des « modes opératoires sans commune mesure avec les appareils actuels, comme des sauts au-delà de 10.000 mètres d’altitude et les largages mixtes de palettes et de parachutistes ».

Quant aux externalisations, très à la mode dans certains milieux, elles ne peuvent pas, là encore, être l’alpha et l’oméga de la rationalisation au sein des armées. Le lieutenant-colonel Bultez est ainsi revenu sur l’offre de services faite en 2010 par la l’entreprise Vitruve DS (placée en liquidation judiciaire un an plus tard).

« Cette offre était inappropriée à plusieurs titres », a-t-il affirmé. « Le coeur de la formation des parachutistes doit être réalisé par des opérationnels » et « l’ETAP a besoin d’affréter des avions de taille différente pour ses stages et cette société de proposait qu’un seul type d’appareils », a-t-il expliqué. « Une externalisation totale, qui plus est sur un seul aéronef, n’est ni une bonne solution financière ni un gain opérationnel », a-t-il estimé. Ce qui n’empêche pas l’école d’avoir recours à des services privés, comme par exemple pour utiliser des simulateurs de chute libre, dont l’achat serait trop coûteux et qui seraient sous-employés.

Enfin, la mise en place de l’European Air Transport Command (EATC), qui permet de mutualiser les capacités en matière de transport aérien entre la France, l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, a permis d’uniformiser les procédures de largage avec les troupes aéroportées issues des pays membres de cette structure.

Mais il est question d’aller encore plus loin, étant donné que la Bundeswehr qui compte deux  brigades aéroportées (les Luftlandebrigade 26 et Luftlandebrigade 31). étudie en effet  l’idée de former ses parachutistes à Pau.

« Ce projet pourrait être l’embryon d’une future école européenne » de troupes aéroportées, a dit le lieutenant-colonel Bultez. Une école qui ne serait toutefois pas rejointe par les Britanniques. Ils « dispensent une formation dont le format est très particulier », a expliqué le commandant de l’ETAP.

Photo : Saut d’entraînement pour des militaires équipés du nouvel ensemble de parachutage du combattant (EPC), équipement de nouvelle génération, à l’école des troupes aéroportées (ETAP) de Pau – (c)  ETAP / M. H. Fernandez

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