L’Ukraine demande aux Etats-Unis et au Royaume-Uni de garantir sa souveraineté

Dans la nuit du 27 au 28 février, une cinquantaine d’hommes armés, ayant revêtu des tenues de combat sans signes disctinctifs, ont pris le contrôle l’aéroports de Simferopol et et celui – militaire – de Belbek, près de Sébastopol, situés dans la république autonome de Crimée, en proie à des tensions depuis la destitution du président ukrainien Viktor Ianoukovitch, actuellement réfugié à Rostov-sur-le-Don, en Russie.

Selon des témoins cités par Interfax, les assaillants sont arrivés à l’aéroport de Simferopol à bord de camions dépourvus de plaques d’immatriculation. A priori, le même scénario s’est répété pour celui de Sébastopol.

« Nous sommes présents pour ne pas permettre que viennent en avion de l’ouest de l’Ukraine des fascistes ou des radicaux », a expliqué, à l’AFP, l’un de ces hommes armés présent à l’aéroport de Simferopol.

La veille, des commandos pro-russes s’étaient emparés du Parlement et du siège du gouvernement de la république de Crimée, où ils ont hissé le drapeau russe. Quelques heures plus tard, les parlementaires ont voté, à huis clos, une résolution visant à organiser pour le 25 mai prochain (soit la date de la prochaine élection présidentielle ukrainienne) un référendum pour demander davantage d’autonomie et à limoger le gouvernement local.

Reste que l’intervention de ces hommes armés a suscité de vives réactions à Kiev. « Je considère ce qui se passe comme une invasion armée et une occupation. En violation de tous les accords et normes internationaux », a dénoncé Arsen Avakov, le ministre ukrainien de l’Intérieur. Car, pour lui, les hommes armés en question « ne dissimulent pas leur appartenance aux forces armées russes ».

S’agissant plus précisément des aéroports, Arsen Avakov a parlé d’une « provocation directe pour un bain de sang armé sur le territoire d’un Etat souverain ». Et d’ajouter : « Cela ne relève plus de la compétence du ministère de l’Intérieur. Cela relève de la compétence du conseil de sécurité et de défense nationale ».

« Pour l’instant nous ne parlons pas d’employer la force mais (…) si nous devons l’employer pour protéger le territoire du pays -nous aimerions ne pas avoir à le faire, bien sûr- nous le ferons », a, de son côté, menacé Pavlo Sheremeta, le ministre ukrainien de l’Eéconomie, qui a jugé « absolument inacceptable » la situation en Crimée.

Pour le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, les assaillants qui occupent le siège du gouvernement et le Parlement de Crimée « sont des terroristes armés opérant sous le drapeau russe ». Ce que Moscou a démenti.

Aussi, le Parlement ukrainien a adopté, ce 28 février, une résolution appelant les Etats-Unis et la Grande-Bretagne à garantir la souveraineté du pays. En 1994, via le Mémorandum de Budapest, Washington et Londres s’étaient portés garants de l’indépendance de l’Ukraine, tout comme d’ailleurs Moscou, en échange de son renoncement aux armes nucléaires après la dislocation de l’URSS.

En attendant, les ministres français, allemand et polonais des Affaires étrangères ont exprimé leur préoccupation au sujet de « la situation instable en Crimée ». « Tout doit être fait pour réduire la tension dans la région orientale et promouvoir des discussions pacifiques entre les parties concernées. Nous réaffirmons notre soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du pays », ont-il fait valoir, dans une déclaration conjointe.

Plus tard, Kiev, via le directeur du Conseil national de sécurité et de défense, Andriï Paroubiï, a déclaré qu’il y avait « eu une tentative pour s’emparer des aéroports de Simferopol et de Sébastopol » mais qu’ils sont « maintenant à nouveau sous le contrôle des forces de sécurité ukrainiennes ».

Comment? Mystère. En tout cas, comme le montre un cliché diffusé par ITV, des hélicoptères d’attaque ont été aperçus dans les environs de l’aéroport militaire de Sébastopol.

Quoi qu’il en soit, ces derniers évènements en Crimée coïncident avec l’examen d’une proposition de loi par le Parlement russe visant à faciliter l’admission de nouveau territoires au sein de la Fédération de Russie… De quoi tendre encore un plus la situation. D’autant plus que cette région autonome ukrainienne qui compte 60% de russophones, est, selon Fondation Carnegie pour la paix internationale, « un cas très particulier et très délicat » qui représente « le plus grand risque » de conflit.

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