L’Otan envisage un retrait total d’Afghanistan, y compris après 2014

Le temps passe et le président afghan, Hamid Karzaï, ne s’est pas laissé convaincre de signer l’accord bilatéral de sécurité négocié en octobre dernier par Washington, préférant passer le dossier à son successeur, qui sera désigné à l’issue de la prochaine élection présidentielle, en avril.

Ce texte, qui, pourtant validé par la Loya Jirga (l’assemblée traditionnelle afghane), donne une immunité juridique aux militaires américains, permettrait aux Etats-Unis de maintenir en Afghanistan un contingent réduit – l’on parle de 3.000 à 10.000 hommes – appelé à appuyer les forces de sécurité locales face à l’insurrection menée par les taliban et leurs alliés.

L’un des enjeux est d’éviter un retour des taliban à Kaboul. Une perspective que le renseignement américain estime très probable, pour ne pas dire certaine, si les forces afghanes ne sont pas épaulées après la fin du mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité, qui arrivera à terme le 31 décembre.

« L’insurrection des taliban deviendra une plus grande menace pour la stabilité de l’Afghanistan dans la période 2015-2018 qu’elle ne l’est maintenant », a encore avancé, la semaine passée, le Center for Naval Analyses.

En outre, un retrait militaire total des Etats-Unis priverait ces derniers de la possibilité de frapper les bastions jihadistes implantés dans les zones tribales pakistanaises avec les drones MQ-1 Predator et MQ-9 Reaper.

Pourtant, le président américain, Barack Obama, a indiqué, le 25 février, lors d’une conversation téléphonique avec son homologue afghan, avoir demandé au Pentagone de préparer le retrait total des troupes américaines d’Afghanistan d’ici la fin de cette année, tout en ne refermant la porte à un possible maintien d’un contingent dans le cas où les nouvelles autorités afghanes issues des élections du printemps seraient plus conciliantes.

Quant à l’Otan, qui négocie de son côté avec Kaboul afin de pouvoir planifier la mission Resolute Support, destinée à succéder à l’ISAF, le ton est identique. « Nous sommes convenus de la nécessité de préparer toutes les éventualités. Y compris la possibilité que nous pourrions de ne pas être en mesure de rester déployés en Afghanistan après 2014 en raison des retards que nous connaissons », a ainsi expliqué Anders Fogh Rasmussen, son secrétaire général,  l’issue d’une réunion des ministres de la Défense de l’Alliance, le 27 février.

« Sans cadre légal, il ne peut simplement pas y avoir de présence (de l’Otan) après 2014 », a poursuivi M. Rasmussen. « Ce n’est pas l’issue que nous souhaitons. Ce n’est pas la solution que nous jugeons être la meilleure pour le peuple afghan », a-t-il ajouté. Cela pourrait cependant être le résultat regrettable s’il n’y a pas d’accord de sécurité dans les temps. C’est cela l’enjeu, a-t-il encore insisté.

Alors que, trois ans après le retrait américain d’Irak, dû à l’incapacité de l’administration Obama et des autorités irakiennes à se mettre d’accord sur le maintien de troupes dans le pays, le drapeau jihadiste flotte sur Falloujah, un scénario identique se précise pour l’Afghanistan.

Commandant de l’ISAF jusqu’en février 2013 avant de partir en retraite, le général John R. Allen a récemment fait un parallèle avec le retrait d’Afghanistan des Soviétiques, en 1989. L’URSS « a d’abord laissé des conseillers et financé l’armée afghane. Mais sa dislocation y a mis un terme, ce qui a conduit au contrôle du pays par les taliban, avec pour conséquence les attaques d’al-Qaïda le 11 septembre 2001″…

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