Airbus Group n’est pas « terriblement » optimiste sur l’avenir de l’Eurofighter Typhoon

L’annulation, par l’Allemagne, de la commande portant sur 37 avions Eurofighter Typhoon de la tranche 3B, c’est à dire la plus évoluée, avec des capacités vraiment multirôles, ne va pas arranger les affaires du consortium qui, réunissant Airbus Group, BAE Systems et Finmeccanica, produit cet appareil.

Le souci est qu’aucun pays participant au programme (Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne) n’a confirmé sa volonté de doter ses forces aériennes de cette version 3B de l’Eurofighter… En outre, et mis à part une commande portant sur 12 exemplaires à Oman, signée en 2012, l’avion européen a connu quelques déboires à l’exportation au cours de ces dernières années. Il a ainsi été écarté en Suisse, en Inde et, plus récemment, aux Emirats arabes unis.

D’où le pessimisme affichée par Tom Enders, le Pdg d’Airbus Group, lors de la présentation des résultats du géant de l’aéronautique et de la defense, le 26 février. « Je ne suis pas terriblement optimiste », a-t-il dit au sujet de l’avenir de l’Eurofighter.

« Nous espérons remporter encore un ou deux succès à l’exportation mais nous devons aussi nous préparer à un scenario où, en raison d’absence de commandes à l’exportation, nous devrons bientôt réduire la production », a-t-il expliqué. Faute de quoi, les lignes d’assemblage (au nombre de 4), verront leur plan de charge réduit à zéro à partir des années 2017-2018.

Les contrats potentiels pour l’Eurofighter ne sont pas très nombreux. Et, en outre, ils sont soumis à une rude concurrence. Ainsi, la Malaisie, qui entend moderniser ses forces aériennes, pourrait être un débouché, même si Kuala Lumpur, pour des raisons financières, s’oriente vers la location d’avions de combat avec une option d’achat. Plusieurs appareils sont par ailleurs en lice, dont le Rafale de Dassault Aviation, le F/A-18 de Boeing, le Gripen de Saab et le SU-35 de Sukhoï.

Cela étant, la piste la plus chaude est celle de Bahreïn, dont le roi Hamad al-Khalifa aurait indiqué au Premier ministre britannique, David Cameron, en août dernier, être intéressé par l’Eurofighter en vue « de créer un système de défense cohérent entre les nations du Conseil  de coopération du Golfe » (CCG), qui rassemble l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, Oman, le Qatar et le Koweït.

Parmi ces pays, trois envisagent d’acquérir des avions de combat. L’aventure étant terminée pour l’Eurofighter aux Emirats, il reste donc plus que le Qatar et le Koweït. Or, dans ces deux derniers, le Rafale, qui a également de contrats à l’exportation, reste bien placé pour l’emporter.

Reste à voir, cependant, ce que fera l’Italie, où le Parti démocratique, dont est issu le nouveau président du Conseil, s’est montré très critique à l’égard du programme F-35, l’avion en cours de développement chez Lockheed-Martin. Dans un récent rapport, cette formation politique a proposé de diviser par deux la commande de l’appareil américain. « Soutenir un projet aérien européen [ndlr, Eurofighter] à la place nous aménera un avantage économique certain et de l’emploi. Chaque euro investi sera retourné à l’Italie par le consortium en termes de commandes », avait alors fait valoir Carlo Galli, un député de cette formation politique.

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