Bagdad aurait acheté des armes et des munitions auprès de Téhéran

Après une guerre qui aura fait environ 650.000 tués (*), les relations entre l’Irak et l’Iran ont pris un tour nouveau depuis la chute du sunnite Saddam Hussein. Désormais, le gouvernement irakien est dominé par les chiites, comme à Téhéran. Du coup, cela ouvre de nouvelles perspectives, comme la vente d’armes…

Selon Reuters, qui cite des documents officiels, l’Iran aurait ainsi vendu à son ancien ennemi pour l’équivalent de 195 millions de dollars d’armes et de munitions. Un contrat aurait été conclu, toujours d’après la même source, en novembre dernier, alors que le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, revenait de Washington après avoir réclamé une nouvelle aide militaire américaine pour faire face aux groupes jihadistes (en particulier l’Etat islamique d’Irak et du Levant, EIIL), qui se faisaient alors menaçant dans la province d’al-Anbar. Depuis, ces derniers ont pris le contrôle de Falloujah et d’une partie de la ville de Ramadi, à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Bagdad.

Cette information n’aurait rien de surprenant, dans la mesure où, en janvier, le général Mohammad Hedjazi, le numéro deux des forces armées iraniennes, avait déclaré que son pays était prêt à fournir des matériels militaires ainsi que des conseils aux autorités irakiennes pour les aider dans leur lutte contre les groupes jihadistes.

Après tout, il n’y aurait rien à en redire. Sauf qu’en raison de ses activités nucléaires,  l’Iran est sous le coup d’une interdiction de ventes de matériels militaires (ce qui ne l’a pas empêché d’en fournir au Hezbollah, voire même peut être au Venezuela). D’où la demande d’explications adressée par la diplomatie américaine à Bagdad.

« Nous avons bien entendu vu ces informations. Si c’était vrai, cela soulèverait de graves inquiétudes », a ainsi réagi  Jennifer Psaki, la porte-parole du département d’État, le 24 février. « Tout transfert d’armes de l’Iran vers un pays tiers est une violation directe de la Résolution 1747 du Conseil de sécurité de l’ONU », a-t-elle rappelé. « Nous cherchons à y voir plus clair sur cette question auprès du gouvernement irakien afin d’être sûrs que les responsables irakiens comprennent bien quelles sont les limites du droit international en termes de commerce d’armes avec l’Iran », a-t-elle encore insisté.

« Nous considérons l’Irak comme un partenaire dans la lutte contre le terrorisme et nous sommes engagés à l’appuyer dans ce combat », a affirmé Mme Psaki, en rappelant que Washington avait fourni aux forces irakiennes pour plus de 15 milliards de dollars d’équipements et de formation. Encore récemment, le Pentagone a évoqué la possibilité de livrer à Bagdad 24 hélicoptères d’attaque Apache et des missiles Hellfire.

(*) La guerre Iran-Irak (1980-1988) : Première guerre du Golfe, de Pierre Razoux est directeur de recherches à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (Irsem)

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